Immersion à l'Institut Curie : ces nouvelles machines qui diagnostiquent les cancers
À l'Institut Curie, le service d’anatomopathologie a été entièrement numérisé. Une révolution qui rend le travail des médecins pathologistes plus précis pour mieux repérer les cancers. Reportage.
Longtemps, ce fut l’objet incontournable de ce service de l'Institut Curie. La machine sans laquelle aucune tumeur ne pouvait être analysée, aucun cancer diagnostiqué. Mais après des années de bons et loyaux services dans ce laboratoire, le microscope sera bientôt réduit au rang de curiosité, concurrencé par une nouvelle machine.
Numériser les lames pour tous les patients
"Ce nouvel automate est notre nouveau bébé. Ces scanners nous permettent de numériser l’ensemble des lames qui sont crées pour chacun des patients", explique Laure Annette, cadre de laboratoire à l'Institut Curie.
C'est une révolution pour une spécialité mal connue, l’anatomopathologie. Sur les paillasses des techniciens spécialisés, des "pièces opératoires", comme des tissus mammaires potentiellement cancéreux.
Baigné dans l’alcool et dans le formol, ce tissu est fixé dans la paraffine, coupé en tranches de 3 microns, et coloré avant d’être analysé par les médecins pathologistes.
Les automates remplacent les feutres et les règles
Jusqu'à présent, ils utilisaient un microscope."Pour cette patiente-là, on regarde 34 lames aussi attentivement de la première à la dernière. C'est quelque chose d'essentiel. Ce qui est laborieux, c’est qu'on prend une lame, on la pose sur le microscope, on fait la mise au point. Ensuite, s'il faut mesurer des choses, on va prendre un feutre, un double décimètre, on va pointer sous le microscope ce qu’on veut mesurer. Il y a un côté un peu artisanal et forcément un peu moins précis", commente la Professeure Anne Vincent-Salomon, médecin pathologiste à l'Institut Curie.
Dans le service désormais, plus de feutres ni de double décimètres. L’informatique a pris le relai. Les mesures sont plus rapides, plus précises aussi. Certaines tâches laborieuses, comme le comptage cellulaire sont même devenues automatiques. Comme par exemple, avec le KI-67.
Améliorer le pronostic des cancers
"Le KI-67 est un marqueur qui va permettre d'évaluer la prolifération cellulaire, c'est-à-dire la vitesse à laquelle la tumeur se multiplie, c'est un facteur pronostique important. On a la possibilité de faire grossièrement à l'œil un marquage relativement approximatif", confie le Dr Arnaud Gauthier, médecin pathologiste à l'Institut Curie.
"Avec les outils numériques, on fait un comptage de façon automatique. Un clic droit, je choisis l'outil, je sélectionne la zone et en quelques secondes, je vais avoir le comptage de l’ensemble des cellules", poursuit-il.
Aujourd’hui en France, seuls quatre services d’anatomopathologie sont entièrement digitalisés. C'est un premier pas pourtant incontournable pour la prochaine révolution technologique avec l’arrivée de l’intelligence artificielle.