La moitié des personnes qui ont une IST ne le disent pas à leurs partenaires
Si cette pratique pose évidemment problème, elle est principalement motivée par la stigmatisation et la honte des personnes diagnostiquées.
Chlamydia, gonorrhée, syphilis… Chaque jour, plus d’un million d’infections sexuellement transmissibles (IST) sont contractées dans le monde par les personnes âgées de 15 à 49 ans, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Dans l’immense majorité des cas, les infections sont asymptomatiques et guérissables. La plupart des personnes ne se rendent même pas compte qu’elles sont atteintes par une IST.
En France, "les diagnostics d'IST bactériennes sont en progression en médecine générale depuis 2020", note Santé publique France, qui appelle à ce que le "dépistage combiné des IST (VIH, IST bactériennes, hépatites B et C) chez les patients et leurs partenaires" soit "proposé largement".
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"La stigmatisation perpétue la honte"
Dans un article publié dans The Conversation, et repéré par Slate, deux chercheurs australiens se sont également penchés spécifiquement sur la problématique des IST et sur le tabou qui les entoure. "Très peu d'infections courantes sont autant stigmatisées que les IST", regrettent-ils. "La stigmatisation perpétue la honte et l'anxiété chez les personnes diagnostiquées d’une IST, ce qui peut entraîner un retard de test ou de traitement."
Tout aussi inquiétant, cette stigmatisation des personnes souffrant d’une IST peut également restreindre la communication autour des maladies avec leurs partenaires sexuels. D’après une étude, publiée en juin 2024 dans la revue The Journal of Sex Research, un peu moins de la moitié des personnes interrogées ont révélé (ou comptent révéler) souffrir d’une IST à leur partenaire avant un rapport sexuel.
Les jeunes principalement concernés
Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont analysé les résultats de 32 études, principalement américaines, mais également britanniques ou australiennes. Toutes les IST sont concernées, à l’exception du virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Les principales raisons invoquées pour expliquer ce silence sont la peur de la réaction du partenaire et la crainte du rejet.
Certains sujets des études considèrent leur santé sexuelle comme une affaire privée, en particulier dans le cadre de relations sexuelles occasionnelles. D’autres estiment qu’il n’y a aucun risque de transmission car ils ne présentent pas de symptômes ou qu’ils ont pris assez de précautions pour protéger leur partenaire de la transmission.
Les jeunes de moins de 24 ans sont particulièrement concernés par ce phénomène, et sont moins enclins à informer leurs partenaires que les personnes plus âgées. Le principal risque entraîné par cette pratique, reste qu’une personne exposée à une IST ne pourra pas se faire tester et traiter, entraînant potentiellement d’autres infections chez d’autres partenaires.
Des IST transmissibles par contact de la peau
En revanche, les personnes qui informent leur partenaire le font généralement car elles valorisent l’honnêteté dans leur relation et considèrent la divulgation de leur IST comme "une obligation morale", analysent les chercheurs australiens dans The Conversation. "D'autres révèlent leur IST pour protéger la santé de leur partenaire et s'assurer qu'ils évitent des problèmes à long terme tels que l'infertilité qui peut résulter d'infections non traitées", tandis que "certaines personnes informent leur partenaire pour obtenir un soutien émotionnel".
Utilisés correctement, les préservatifs sont les moyens de contraception les plus efficaces pour se protéger contre les IST, comme la chlamydia et la gonorrhée. En revanche, ils sont moins efficaces face à l’herpès, les verrues génitales ou la syphilis, qui peuvent se transmettre par contact avec la peau d’un partenaire sexuel, lors de rapports oraux par exemple.