Ma cicatrice d'épisiotomie me fait mal : que faire ?
Il existe sûrement des questions que vous n'avez jamais osé poser, par pudeur, crainte, voire même honte... Notre journaliste, Mélanie Morin, les a posées à votre place à un spécialiste ! Aujourd'hui, il est question de la cicatrice d'épisiotomie.
Il faut s’imaginer le passage d’un bébé plus ou moins gros dans ce petit couloir très étroit qu’est le vagin lors d’un accouchement par voie basse. Quand la tête appuie sur le périnée, la tête du bébé emplit le périnée, il est alors très distendu car cela appuie très fort.
L’épisiotomie consiste à introduire la branche d’un ciseau à l’intérieur, un peu en biais et sur 5-6 cm, le praticien sectionne 3 plans : la peau, les muscles superficiels du périnée et le vagin. Cela donne une coupure nette qui agrandit l’ouverture de la vulve pour faciliter la sortie du bébé.
Des pratiques obstétricales qui ont changé
Les obstétriciens et les sage-femmes y recourent par exemple en cas d’anomalie du rythme cardiaque fœtal, s’il faut vite sortir le bébé ou pour éviter une grosse déchirure du périnée notamment vers le sphincter anal car cela peut provoquer des problèmes d’incontinence.
Actuellement en France, le taux d’épisiotomie, toutes femmes confondues, se situe autour de 20%. Cela a nettement diminué ces dernières années, selon la dernière enquête nationale périnatale, menée en 2016.
Une cicatrice redoutée
Quand cette incision est pratiquée, bien sûr après, il faut recoudre et c’est ce qui peut donner cette cicatrice tant redoutée. Pour Hind Kettani, sage-femme qui exerce depuis quatre ans en maternité, il faut veiller à ne pas trop serrer la suture car cela peut donner une cicatrice douloureuse par la suite.
L’idée est d’obtenir une cicatrice bien régulière, sans petits "bourrelets". Pour cela, les sage-femmes en formation s’entraînent à recoudre sur des morceaux de viande tout simplement parce que cela imite bien la sensation de la peau humaine et du muscle.
Il faut imaginer que les trois plans sectionnés sont recousus : le vagin, le périnée et la peau. En moyenne, l’épisiotomie met trois semaines à cicatriser.
Les signes à ne pas négliger
Il ne faut pas minimiser la douleur même si ce n’est pas facile de regarder soi-même ou de montrer à un professionnel de santé cette partie du corps qui a subi un gros chambardement… En moyenne, l’épisiotomie met trois semaines à cicatriser. Les fils de sutures tombent tous seuls une fois la plaie cicatrisée.
Si vous avez accouché depuis plus d'un mois, que vous avez l’impression que votre cicatrice est "boursouflée", que vous êtes gênée quand vous marchez, ce sont des signes qui doivent pousser à consulter et il y en a d’autres.
- Fortes douleurs non soulagées par un antalgique.
- Mauvaise odeur qui émane de la cicatrice.
- Ecoulement.
- Fièvre.
Le médecin ou la sage-femme vérifiera alors s’il y a une infection à traiter. Il arrive aussi qu’il faille "dé-serrer" certains points pour relâcher la peau.
Les bons gestes
Cette cicatrice nécessite des soins particuliers d’autant que toute cette zone du périnée inclut la vulve qui est naturellement humide donc il faut être vigilante sur les risques de macération de la cicatrice.
Au quotidien, il faut laver à l’eau et au savon au PH neutre, bien rincer et surtout bien sécher en tapotant avec de la gaze stérile au début. Il a longtemps été évoqué le sèche-cheveux pour sécher la cicatrice d’épisiotomie. Les professionnels reviennent dessus aujourd’hui car il a tendance à dessécher le périnée, à souffler de la poussière sans compter les risques de brûlure.
A la place, Hind Kettani, sage-femme, préconise d’utiliser une compresse stérile imbibée d’argile verte en pâte à appliquer sur le périnée. L’argile a un pouvoir d’absorption naturelle, c’est bon pour la cicatrisation et ça fait du bien. C'est à laisser poser pendant deux heures et à renouveler aussi souvent que le souhaite la patiente.
Enfin comme pour la plupart des cicatrices, si elle est toujours douloureuse à distance de l’accouchement, la sage-femme ou le kiné spécialisé peut la masser régulièrement pour assouplir les tissus.