Des antioxydants contre le diabète ?
Selon une vaste étude de l’Inserm, les femmes dont l’alimentation est naturellement riche en antioxydants sont moins à risque que les autres de développer un diabète de type 2.
Divers travaux réalisés ces dernières années ont identifié une corrélation entre une alimentation naturellement riches en vitamine E ou C, ou encore en flavonoïdes, et un plus faible risque de diabète de type 2. "Mais ces travaux portaient toujours sur des nutriments pris isolément et jamais sur la capacité antioxydante totale de l’alimentation", expliquent des chercheurs de l’Inserm, qui ont voulu vérifier "si l’alimentation dans son ensemble, selon son pouvoir antioxydant, était associée au risque de diabète".
Leur recherche s’est basée sur les données recueillies entre 1993 et 2008 auprès de plus de 60.000 femmes (cohorte E3N) toutes indemnes de diabète et de maladies cardiovasculaires au début du suivi. Des informations détaillées quant à leurs habitudes de consommation étant disponibles, ils ont pu déduire pour chacune d’elle un "score" du niveau d’antioxydants ingérés en moyenne [1].
D’autres données (indice de masse corporelle, tabagisme, activité physique, apport énergétique alimentaire global, niveau d’éducation) ont été prises en compte dans l’analyse, afin d’identifier l’impact spécifique des antioxydants sur le diabète.
Une diminution du risque de diabète de 11%
Dans la cohorte étudiée, le risque de développer un diabète de type 2 est apparu très fortement diminué avec l’augmentation de la consommation d’antioxydants, jusqu’à un certain seuil de consommation (aucun bénéfice supplémentaire n’est observé au-delà d’un certain seuil).
Les résultats peuvent être extrapolés à la frange de la population représentée par les femmes de la cohorte. Celles qui présentent les scores antioxydants les plus élevés pourraient, au bas mot, réduire leur risque de diabète de l’ordre 11% comparé à celles dont les scores sont les plus faibles.
Les antioxydants pourraient améliorer la sensibilité à l'insuline
Les auteurs de l’étude appellent à la prudence dans l’interprétation de ces résultats. "Celle-ci porte sur des sources alimentaires d’antioxydants, et sur la prévention chez des personnes qui n’ont pas encore de diabète", nous explique Guy Fagherazzi, co-auteur de l’étude. "Il ne faut pas tirer de conclusions hâtives sur l’intérêt d’autres sources d’anti-oxydants, comme celle des compléments alimentaires. D’autres types de recherches peuvent répondre à cette question".
"Nous espérons que ces données vont encourager à mener davantage de recherches, notamment sur les mécanismes en jeu", poursuit-il. "Les antioxydants sont suspectés d’améliorer la sensibilité à l’insuline, mais cela n’est pas encore certain. Autre piste de recherche : déterminer si au-delà de la prévention de l’émergence du diabète, un régime riche en antioxydant pourrait permettre de réduire le risque de complication d’un diabète déjà existant. Pour l’instant, nous n’en savons rien."
la rédaction d’Allodocteurs.fr
Étude : Francesca Romana Mancini et al. "Dietary Antioxidant Capacity and Risk of Type 2 diabetes in the large prospective E3N-EPIC cohort study" Diabetologia doi:10.1007/s00125-017-4489-7
[1] Dans un communiqué de l’Inserm, Francesca Romana Mancini, également co-auteur de l’étude explique que "les aliments les plus contributifs à un score antioxydant élevé étaient les fruits et légumes, le thé et le vin rouge (consommé en quantités modérées)". Les chercheurs ont exclu de leur analyse le café, "un concentré d’antioxydants déjà associé par ailleurs à un moindre risque de diabète de type 2 et qui aurait pu masquer l’effet des antioxydants apportés par le reste de l’alimentation".