Troubles de la thyroïde : un impact sur la sexualité
L'hypothyroïdie comme l'hyperthyroïdie peuvent avoir une répercussion sur la libido, la lubrification, l'érection, l'éjaculation, l'orgasme...Mais un traitement équilibré améliore les troubles sexuels.
Les troubles de la thyroïde qui incluent l'hypothyroïdie, la thyroïdite d'Hashimoto, l'hyperthyroïdie, la maladie de Basedow, les goîtres, sont très fréquents et ils touchent davantage les femmes.
S'ils sont connus pour les symptômes en lien avec l'appétit, le rythme cardiaque, l'humeur ou encore le transit, ils provoquent également des troubles sexuels, souvent méconnus des patients. Une revue de la littérature[1] publiée en 2019 constate, comme d'autres, une augmentation de la fréquence des troubles sexuels chez les personnes thyroïdiennes en comparaison à la population générale.
Chez les hommes, l'éjaculation était souvent perturbée : l'hypothyroïdie était davantage associée à une éjaculation retardée que prématurée, tandis que l'hyperthyroïdie l'était davantage à une éjaculation prématurée plus que retardée. La libido était affectée dans l'hypo comme l'hyperthyroïdie et des difficultés pour avoir une érection étaient également possibles. Chez les femmes, les deux affections thyroïdienne étaient associées à une altération du désir, de l'excitation et de la lubrification, de l'orgasme, mais aussi de la satisfaction sexuelle et des douleurs durant les rapports.
Comment expliquer l'impact sur la sexualité ?
D'après cette revue et la Société française de médecine sexuelle, qui se fonde sur plusieurs études, plusieurs facteurs sont en cause, dont le taux d'hormones sexuelles circulantes et une mauvais régulation du système nerveux autonome, le système qui régule les fonctions automatiques du corps, dont la fonction sexuelle.
Autres facteurs susceptibles d'expliquer le retentissement sexuel : l'augmentation de la prolactine, une hormone ayant un impact sur les fonctions sexuelles, l'hypercholestérolémie, mais aussi la présence d'une dépression, souvent associée à l'hypothyroïdie et également un facteur influençant la survenue d'un trouble sexuel. De plus, il est connu des sexologues que l'image de soi, la confiance en soi et tout simplement le bien-être, potentiellement altérés par les symptômes thyroïdiens, ont également un impact sur la sexualité.
Dépister, corriger, se faire aider
Les troubles sexuels sont rarement le symptôme d'alerte unique qui amènera au diagnostic d'une hypothyroïdie ou d'une hyperthyroïdie, mais c'est un indice supplémentaire qui peut faciliter le diagnostic. Ainsi une baisse de libido, associée à une frilosité, une constipation, une grande fatigue et une prise de poids, constituent un tableau classique d'hypothyroïdie chez une femme. Un homme pourra rencontrer en plus des difficultés à avoir une érection, ou un trouble de l'éjaculation, le plus souvent retardée.
Quand la thyroïde est trop active, les symptômes témoignent de l'hyperactivité de l'organisme : irritabilité, tremblements, diarrhée, perte de poids alors que l'appétit est augmenté, auxquels peuvent s'ajouter une éjaculation prématurée chez les hommes ou d'autres troubles sexuels,
Dans tous les cas, bonne nouvelle pour les patients : la correction du trouble thyroïdien et le retour à des taux normaux d'hormones s'accompagnaient d'une nette amélioration des troubles sexuels d'après la revue systématique de 2019. Médicaments qui compensent la carence en hormone thyroïdienne ou qui s'opposent à l'action de ces hormones quand elles sont secrétées en excès, iode radioactif, chirurgie,... tout un arsenal thérapeutique s'offre aux patients, en fonction de la pathologie thyroïdienne, le suivi par un endocrinologue étant indispensable.
Dans l'hypothyroïdie ou l'hyperthyroïdie, la patience est souvent de mise avant de trouver le bon dosage de médicament et de revenir à l'équilibre. Un soutien psychologique ou une thérapie sexuelle sont parfois indiqués pour passer le cap d'un trouble sexuel et mieux le vivre, le temps de corriger le taux hormonal.
[1] The Impact of Thyroid Disease on Sexual Dysfunction in Men and Women.
Gabrielson AT. Sex Med Rev. 2019 Jan;7(1):57-70. doi: 10.1016/j.sxmr.2018.05.002.