La sexualité en 9 lettres : E comme excitation
Un baiser langoureux, une caresse, la simple vue de courbes affriolantes ou d'un torse musclé affolent le corps et plus précisément les organes sexuels. L'excitation sexuelle prend alors la forme de l'érection chez l'homme et passe par la lubrification du vagin chez la femme.
L'érection, plus compliquée qu'elle n'y paraît
En 1968, Masters et Johnson, les pionniers de la sexologie ont décrit le cycle sexuel chez l'homme comme chez la femme. La première phase est celle de l'excitation, qui augmente progressivement ; s'ensuit la phase de plateau, qui est d'intensité constante et précède celle de l'orgasme. La phase de résolution conclut ce cycle sexue, l'excitation retombe. Les hommes seront incapables d'avoir une érection durant un certain temps, variant suivant l'âge et les individus : c'est la période réfractaire.
La sexualité masculine, plus complexe qu'il n'y paraît
Le phallus est un véritable hommage pour la personne suscitant l'érection, qui est la principale manifestation de l'excitation sexuelle masculine. Le pénis s'élève majestueusement grâce à son anatomie particulière : il est composé de cylindres, les corps caverneux, qui se remplissent de sang et lui offrent sa rigidité. Le mécanisme est complexe mais schématiquement, en cas de stimulation visuelle ou tactile, le cerveau envoie un message au pénis par la moelle épinière. Les nerfs érecteurs commandent aux artères du pénis de dilater et les corps caverneux se gonflent de sang. Pour que le sang reste dans le pénis durant toute la durée de l'érection, un autre mécanisme entre en jeu : les veines assurant l'évacuation du sang sont comprimées entre les corps caverneux et l'enveloppe du pénis, maintenant le sang dans le pénis.
La sexualité masculine a longtemps été considérée comme automatique et basique… Elle se révèle plus compliquée que cela. Si l'érection traduit l'excitation envers un(e) partenaire, son absence n'est pas forcément significative d'une absence d'excitation et de désir. Tout simplement parce que les hommes sont des êtres humains comme les autres, avec des émotions et des vulnérabilités ! Le stress, par exemple de la première fois, s'oppose au mécanisme de l'érection puisqu'il provoque la sécrétion d'adrénaline. Ainsi, certains hommes sont-ils paralysés sur un plan sexuel lorsqu'ils sont stressés. En revanche, d’autres y sont moins sensibles et recherchent les vertus apaisantes et euphorisantes du rapport et de l'orgasme, lorsqu'ils sont stressés. Autre idée reçue : seul le pénis est érogène chez les hommes. Si elle est la zone la plus réceptive et la plus "explosive" du corps, d'autres zones sont particulièrement excitantes, comme des caresses plus diffuses sur les testicules (si elles sont délicates), le périnée, l'intérieur des cuisses ou même les fesses et l'anus.
Quand l'érection défaille
Les hormones (les androgènes, avec en tête de file la testostérone), les vaisseaux et les nerfs jouent un rôle essentiel dans l'érection. Tout trouble les perturbant est susceptible de la perturber et de provoquer une dysfonction érectile : les causes sont donc variées, comme l'hypertension artérielle, le diabète, la sclérose en plaques, etc. Autre cause classique : prise de certains médicaments (antihypertenseur, anxiolytiques, antidépresseurs, etc).
Le psychisme est aussi primordial, aussi bien dans l'excitation que dans l'érection… donc les causes psychologiques, comme l'anxiété de performance, sont bien réelles et tout aussi problématiques.
L'excitation sexuelle féminine, complexe et riche
Le vagin s'humidifie sous l'effet de l'excitation et là encore, c'est grâce à une augmentation de l'apport en sang dans les zones génitales. Le flux sanguin augmenté des artères proches du vagin va provoquer une "transsudation" : le fluide des vaisseaux va s'écouler à travers la paroi vaginale et lubrifier ainsi le vagin durant le rapport. À l'entrée du vagin, en bas de la fourchette vaginale, se trouvent les glandes de Bartholin ; elles sont en charge de la production de cyprine. Ce liquide lubrifie les petites lèvres et l'entrée du vagin pour faciliter la pénétration. En dépit de son rôle plus minime que la transsudation, la cyprine est auréolée d'une réputation plus sulfureuse ! Admettons que son nom a une consonance tellement plus sensuelle…
L'excitation féminine se repère aussi aux modifications du clitoris, qui se durcit et augmente très légèrement de taille. Les mamelons et les tétons se contractent. Les petites et les grandes lèvres gonflent légèrement et se colorent. Le tiers inférieur du vagin se resserre tandis que le fond se dilate (ce gradient favorise l'érection). Chez la femme, comme chez l'homme, les pupilles se dilatent sous l'effet du désir, la respiration s'accélère, tout comme la fréquence cardiaque et la tension artérielle s'élève un peu, la peau a tendance à rougir.
A savoir, l'excitation est souvent plus lente chez la femme que l'homme. Ce paramètre doit être pris en compte par l'amant : des préliminaires attentionnés stimuleront davantage sa partenaire de jeux, en les adaptant à sa partenaire (sans se ruer sur son sexe quand elle préfère faire monter l'excitation par des caresses plus douces et éloignées des zones stratégiques). Il existe également une composante psychique, préalable aux manifestations de l'excitation : une prédisposition émotionnelle suscitant et entretenant l'excitation est souvent nécessaire chez les femmes. Mettre en place un contexte propre à l'excitation est donc une donnée importante pour le partenaire.
Quand l'excitation est perturbée
L'absence de lubrification est provoquée par une cause hormonale comme à la ménopause ou en cas d'affection de la thyroïde, ou vasculaire avec de l'athérosclérose (ces dépôts qui perturbent la vascularisation des organes), ou encore neurologiques, avec des maladies comme la sclérose en plaques, et endocrinienne avec le diabète.
Les troubles de l'excitation sont parfois liés à une mauvaise perception des sensations (la femme ne se sent pas excitée alors que des mesures objectives montrent pourtant des organes génitaux réceptifs à l'excitation). Dans ce cas, c'est souvent intriqué à une perturbation du désir, les origines des deux troubles se rejoignant. Les causes psychologiques ne sont pas rares, avec en tête de file une mésentente avec le partenaire et l'anxiété. La complexité et la richesse du désir féminin et de l'excitation, rendent indispensable une prise en charge globale par un sexologue, de préférence médecin ou psychologue.
E comme endorphines
Ah les endorphines, ces hormones du bonheur, qui nous font plonger dans un bain de plaisir après un orgasme… Elles sont sécrétées par l'hypophyse, le chef d'orchestre des glandes, qui est situé dans le cerveau. Ce sont des antalgiques naturels, qui accroissent le plaisir et offrent souvent un sentiment d'euphorie. Mais excellente nouvelle, il n'y a pas que le sexe qui produit des endorphines ! Le sport, notamment d'endurance, conduit à leur sécrétion après 30 à 40 minutes d'activité physique, le chocolat et tous les mets que l'on adore, ou encore toutes les activités qui provoquent un sentiment de plaisir. Et ce sont elles qui font planer quand on est amoureux. Qu'il s'agisse d'écouter la voix de l'être aimé, de penser à des retrouvailles romantiques ou à un câlin dans ses bras, c'est grâce aux endorphines que le cœur bat la chamade…
Les moteurs de l'excitation
Aux prémisses du couple, l'excitation est innée : la simple vue de l'autre donne des papillons dans le ventre, une caresse anodine allume un feu, un baiser embrase le corps. Avec le temps et l'habitude, il n'est pas rare d'avoir besoin de davantage de stimulations pour retrouver les embrasements du début… Certains couples s'accommodent très bien du temps qui passe, ils restent toujours excités par leur partenaire, sans doute parce qu'ils veillent à laisser un espace au désir et à le cultiver. Ils sont rares et la majorité des couples s'échouent sur l'écueil de l'habitude. Comprendre les moteurs de l'excitation permet de mieux les entretenir
La nouveauté est un ingrédient phare de l'excitation sexuelle. Et comme il n'est pas (forcément) question de changer de partenaire dès que l'excitation diminue un peu, autant injecter de la nouveauté dans sa façon de faire l'amour ! Tester de nouvelles positions est intéressant et sur Internet, il est facile d'en trouver de nombreuses illustrées. Attention à la surenchère, en enchaînant dix positions acrobatiques durant le rapport le plaisir risque fort de s'éloigner. Expérimenter de nouvelles pratiques est aussi excitant, à condition d'être deux à en avoir envie : la pénétration vaginale, le cunnilingus et la fellation sont classiques dans les couples hétérosexuels mais d'autres pratiques se révèlent amusantes à tester et il y en a pour tous les goûts, entre le massage érotique, le massage prostatique, la sodomie, les sextoys, le libertinage…
La variété est le pendant de la nouveauté et c'est l'un des boosters les plus efficaces de l'excitation. Varier les plaisirs éloigne l'ennui. Faire l'amour de la même façon, avec les trois mêmes positions et toujours au même endroit, c'est comme manger les trois mêmes plats tous les jours. C'est très lassant ! En revanche, changer la donne est un bon moyen de pimenter les ébats. Et du quickie rapide, où l'étreinte est express et sauvage, à la longue étreinte tantrique, se décline toute une gamme d'ébats en fonction de l'humeur et du moment : câlin romantique, ablutions coquines, nuit torride à l'hôtel,…
L' imaginaire érotique et les fantasmes participent également à l'entretien de l'excitation. Ils assurent de prendre du plaisir, même en cas de baisse de régime durant les étreintes (ce qui arrive à tout le monde). Tout simplement parce que le cerveau est le premier organe sexuel : les fantasmes agiront comme un "booster" phénoménal d'excitation. Ils ont l'avantage d'être sans limite puisqu'ils restent dans la tête et de donner libre cours à toutes ses envies, des plus folles aux plus sauvages… Faites fonctionner votre imagination et si vous en manquez, inspirez-vous de films érotiques (ou pornographiques si vous aimez), de lectures coquines qui vont des romances à des romans plus hard. Lire des articles sur la sexualité est un bon moyen d'entretenir son intérêt pour le sexe ; le pratiquer avec la masturbation est encore meilleur !
L'excitation et le désir se nourrissent également de l'absence. A force de côtoyer tous les jours son homme en caleçon informe ou sa femme en tee-shirt froissé, on imagine aisément que l''excitation n'est pas maximale ! Un déplacement professionnel ou un weekend entre copines sont bénéfiques pour la sexualité du couple : en n'ayant plus sous les yeux celui ou celle que l'on considère comme acquis(e), ce vide laisse la place au désir d'éclore à nouveau. Les plus coquins feront monter le désir à l'aide de sextos ou d'appels pimentés : etrouvailles épicées garanties…
Préserver l'érotisme du couple
Un article sera consacré à la libido, sixième lettre du mot SEXUALITE et pendant psychique de l'excitation sexuelle. Il développera plus longuement des conseils pratiques.
E comme érotisme
Cultiver l'érotisme dans la vie quotidienne est un véritable booster de l'excitation sexuelle. C'est lui accorder une place dans sa vie de tous les jours et y consacrer du temps et de l'investissement. Il peut s'agir de prendre soin de soi, de se mettre en valeur en s'habillant, de ne pas oublier les caresses et les regards sensuels, de prendre un bain ensemble, de faire un dîner aux chandelles qui dérape en étreintes, ou de proposer un massage érotique.
Les parasites de l'excitation sexuelle
Même en l'absence de troubles de l'excitation, celle-ci est fréquemment mise à mal par des facteurs de la vie quotidienne qui sont susceptibles de parasiter l'excitation sexuelle. Ils sont hélas nombreux et les connaître offre davantage de vigilance et de précautions.
Les facteurs psychologiques
Les femmes sont particulièrement sensibles au surmenage domestique, à la fatigue (elles qui enchaînent souvent deux journées l'une professionnelle l'autre familiale), à la charge mentale, à l'anxiété. D'autres facteurs parasitent leur excitation, comme un manque de communication ou des conflits dans le couple, une sexualité non épanouissante, etc. Dans ces circonstances, certaines femmes ne peuvent plus être réceptives aux avances de leur homme, qui ne comprend pas toujours qu'un cadre émotionnel rassurant et satisfaisant est nécessaire à l'éclosion du désir. Parler de ses besoins, de ses attentes et des difficultés, est indispensable pour repartir sur de bonnes bases.
Chez l'homme, l'angoisse de performance parasite souvent l'érection. En craignant de ne pas être à la hauteur sexuellement, l'homme se met une pression incompatible avec l'érection. Un cercle vicieux s'engrange : le fait de ne pas parvenir à avoir une érection stresse l'homme qui se focalise là-dessus, ce qui majore la difficulté d'érection… Autres facteurs susceptibles d'avoir un impact sur l'érection : une longue période d'abstinence, le stress, l'épuisement physique, les préoccupations excessives, une période de chômage ou la retraite. Là encore, le dialogue évitera les incompréhensions (le classique "je ne t'excite plus, tu ne m'aimes plus").
Le stress
Le stress ne perturbe pas seulement la sphère mentale, en provoquant des pensées parasites, il entraîner des modifications corporelles par le biais d'un messager chimique, l'adrénaline. Celle-ci agit, entre autres actions, en contractant les vaisseaux en les contractant, alors que lors de l'excitation, ils sont censés se dilater pour augmenter le flux sanguin. On comprend donc comme le stress s'oppose à l'érection et à la lubrification (de plus, chez la femme, le tiers inférieur du vagin ne se dilatera pas, rendant la pénétration moins facile).
Ce constat est à nuancer chez certains hommes et de rares femmes, moins sensibles au stress que d'autres. Son action est contrebalancée par une libido exacerbée et la recherche des endorphines apaisantes de l'orgasme.
L'alcool
En apparence, l'alcool a un effet désinhibiteur à petite dose et il facilite l'initiation d'une étreinte ; il s'agit toutefois d'un simple effet d'attente, qui n'est pas supérieur à un placebo d'après le Dr Gorwood, psychiatre. L'alcool entretient une illusion trompeuse de faciliter la sensualité, alors que les études ne retrouvent aucun bénéfice sur la sexualité. Sur le plan de l'excitation, elle diminue linéairement avec l'alcoolémie ; consommé de façon abusive, l'alcool altère les nerfs et les vaisseaux en jeu dans les manifestations de l'excitation.
Si le désir s'embrase après quelques verres, c'est notamment le cas chez les personnes stressées, grâce à l'effet anxiolytique de cette boisson. Elle détend et met dans des meilleures dispositions psychologiques. A consommer avec modération pour d'éventuels bénéfices sensuels, même illusoires, sans les dangers médicaux…
Le tabac
Il est loin le temps où l'industrie du tabac communiquait avec succès sur l'usage glamour des cigarettes. Les femmes appréciaient le sex-appeal qui émanait d'une fumant voluptueusement.
Les études scientifiques ont montré que le tabac est un facteur de risque des maladies cardiovasculaires et il perturbe par ce biais la sexualité. Il altère la paroi du vaisseau en contact avec le sang et diminue l'érection et la lubrification.
Et la routine…
Ah la routine, cet écueil sur lequel s'échoue souvent la sexualité… De nombreux couples y sont confrontés, si ce n'est la totalité. Il est tellement aisé de se laisser engluer dans la monotonie. Cependant, la routine n'est pas forcément négative ; elle a un aspect très rassurant puisqu'elle signe l'intimité extrême : on abandonne le masque social et on s'autorise à être soi-même, sans effort. Et dans une société souvent fondée sur l'apparence, c'est précieux ! Mais si l'ennui guette, la réaction la plus appropriée est d'injecter de la fantaisie, de la nouveauté ou de la variété (voir paragraphe ci-dessus). Souvent, les rôles sont déterminés dans le couple et ne changent pas : l'un prend l'initiative et l'autre suit… changer les rôles est intéressant et permet de voir l'autre sous un autre jour : plus dominant et directeur ou plus passif et soumis. D'ailleurs, jouer avec ces notions de domination et de soumission est aussi très excitant.
Le dialogue est vital en termes de sexualité et il est la base du changement : les amants épanouis communiquent régulièrement leurs envies et enrichissent ainsi leur vie érotique. A condition de les offrir à l'autre…
E comme… extase
Sa rareté en fait sa richesse. Etat de jouissance extrême, l'extase se trouve parfois au terme d'une étreinte particulièrement intense et sensuelle. Elle amène alors au septième ciel, dans une communion physique et psychique… Elle est prônée dans le tantrisme et les courants qui placent la spiritualité au cœur de la sexualité, lui conférant ainsi une dimension sacrée.