Célibataires, couples libres et adultères : quelle sexualité au temps du déconfinement ?
Le déconfinement a sonné un retour partiel à la liberté. Mais qu'en est-il sur le plan sexuel ? Quelles précautions prendre et comment stimuler l'érotisme dans ce contexte ?
Covid-19 et sexualité, la nécessité d'une décision éclairée
Faire l'amour est un moyen fabuleux de célébrer la vie, de se reconnecter à son corps et ses sensations, de lutter contre le stress et l'angoisse. Si le Covid-19 n'est pas une infection sexuellement transmissible, une étude chinoise récente a jeté un pavé dans la mare en révélant la présence du virus dans le sperme de certains patients en phase aigüe de Covid-19 ou en convalescence. Les auteurs rappellent que cette présence n'implique pas forcément que la contamination.
"Cette étude soulève davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses : la manière dont la présence de tout ou partie du virus a été détectée dans certains cas n’est pas clairement explicitée, explique le Dr Papazian, sexologue. Présence ne signifie pas forcément transmission par les muqueuses, et le nombre de patients inclus est faible Nous ne pouvons donc pas en tirer grand-chose en pratique et, de toute manière, le risque lié aux rapports sexuels est présent par l’échange de salive et la promiscuité des corps."
Une décision et une prévention éclairées
Ce coronavirus ne cesse de surprendre le monde médical. "On découvre avec le Covid-19 une prévention éclairée, reposant sur l’explication des risques liés à des rapports sexuels avec un nouveau partenaire, et à une balance entre les bénéfices de cette relation et les risques, confirme le Dr Papazian. Nous sommes dans une période charnière dans laquelle on ne peut que réduire les risques, et assumer individuellement une part de risque rémanente si l’on souhaite rencontrer de nouveaux partenaires sexuels. Quelle tristesse de voir ce retour de la sexualité à la case danger potentiellement grave pour la santé." En tout cas temporairement, le temps que la pandémie se termine...
Une sérologie offre-t-elle un apport dans ce contexte ? "La sérologie est un outil intéressant lorsqu’elle montre que la personne est porteuse d’IgG, donc d’anticorps qui téloignent d'une immunisation contre le virus même si l’on ne connait pas bien aujourd’hui la durée et la puissance de cette immunité acquise, confirme le Dr Papazian. Dans ce cas, on est rassuré sur le fait que la personne ne peut plus se contaminer pour le moment. Mais des personnes immunisées risquent d’avoir des tests négatifs par manque de sensibilité, et si le test est négatif (vraiment ou par erreur), retour à la case départ : on ne peut avoir qu’un discours de prévention…"
Célibataires, couples libres et adultères : risques sexuels et précautions
Les sites de rencontre auraient vu leur activité exacerbée ces deux derniers mois, pour de simples échanges ou des rencontres pour ceux qui bravaient le confinement. Les célibataires qui ont respecté les règles durant cette période attendaient avec hâte le déconfinement pour rencontrer en chair et en os leur futur.e partenaire ! Une hâte parfois entachée de la crainte de contracter l'infection...
"Toute rencontre sexuelle doit être aujourd’hui considérée comme à risque, confirme le Dr Papazian. La distanciation physique n’étant guère possible dans une relation sexuelle, il faut discuter avec le ou la partenaire avant, de son vécu éventuel du Covid (présence de symptômes actuels, fièvre, toux etc…), des facteurs de risques de chacun (maladies chroniques, traitements en cours) pour estimer le risque et décider, entre adultes, si ce risque est pris."
Quelle précautions prendre lors de la sexualité ?
"Afin de réduire le risque, on peut conseiller une douche avant et après le rapport, le moins possible de contacts avec la salive, la bouche, le nez, et l’absence de baiser, recommande le sexologue. De même, éviter les contacts avec la zone anale car le virus serait présent dans les selles. Et utiliser un préservatif pour toutes les pratiques, compte tenu de l’étude évoquée auparavant et du risque de transmission par la salive dans les rapports bouche-sexe. Tout cela n’est pas très glamour, tue un peu le désir, espérons qu’il ne s’agit que de quelques semaines à vivre ainsi !"
Différentes options érotiques s'offrent ainsi aux futurs amants. Les plus romantiques et les plus raisonnables attendront la fin de cette période très particulière pour commencer à découvrir le corps de l'autre et qui sait, noueront une relation sentimentale d'autant plus forte. D'autres opteront pour des solutionq réduisant le risque de contracter le Covid-19, comme la masturbation à distance respectable ou les sextoys connectés. Voire une sexualité par vidéo pour ne prendre aucun risque...
Enfin, les plus téméraires suivront les recommandations du Dr Papazian et injecteront de la volupté avec les massages érotiques ou se consoleront éventuellement avec une fellation ou un cunnilingus, en théorie protégés.
Couple libre ou adultère : la problématique de contamination d'autrui
Les couples libres ou adultères sont confrontés à une problématique supplémentaire : celle de potentiellement transmettre l'infection avec ceux qui cohabitent avec eux. Elle concerne également les célibataires vivant avec des enfants ou en colocation.
"Pour un couple vivant ensemble, le risque existe généralement par la simple promiscuité de la cohabitation et les rapports sexuels ne changent rien, évalue le Dr Papazian. Mais pour des relations occasionnelles, on ajoute le risque de contracter ou transmettre le virus à chaque rapport avec un partenaire extérieur, met en garde le sexologue. Et donc, le risque d’être porteur du virus et de le transmettre à un membre de la famille, et notamment à son ou sa partenaire régulier.e. pendant un rapport sexuel ! C’est un virus très cruel pour la sexualité, même s’il n’est pas à proprement parler un virus à transmission sexuelle." Un impact cruel, à compenser par des stimulations intellectuelles et émotionnelles en attendant le retour à la normale...