Coronavirus : les résultats de l'essai clinique Discovery se font attendre
Les premiers résultats du projet européen de recherche contre le Covid-19 ne seront connus que dans plusieurs semaines.
Discovery ne produira pas de données concluantes avant encore quelques semaines. En cause : le rythme d’inclusion de nouveaux patients ralenti et des difficultés administratives. Ces difficultés empêchent l’essai clinique de prendre l’ampleur espérée.
La France y a inclus 747 patients, mais l’Allemagne, l’Autriche ou le Portugal n’ont encore intégré aucun patient. Pourtant, leur participation n’est pas en question.
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Des freins administratifs, mais pas seulement
Le Professeur Olivier Bouchaud, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Avicenne, assure que c’est l’hétérogénéité de la législation en matière de recherche clinique en Europe qui pose problème.
Certains pays se sont également concentrés sur des études plus internationales, comme le projet mené par l’OMS, qui ressemble beaucoup à Discovery. Le Royaume-Uni a, quant à lui, préféré des études plus nationales. Mais chaque pays voit se lancer de nombreuses études similaires.
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Trop d’essais cliniques ?
En France seulement, une cinquantaine d’essais ont reçu l'autorisation de l’Agence française du médicament et près de quarante sont en cours d’instruction. Une vingtaine en tout porte sur l’hydroxychloroquine.
Le directeur du consortium Reacting en charge de Discovery, Yazdan Yazdanpanah, ne voit pas cette multiplication d’un très bon oeil. " Je pense que dans un contexte épidémique, il faut essayer de répondre aux questions principales ", explique le médecin.
Une "occasion ratée" pour la recherche européenne
Selon beaucoup de médecins, la cohorte française ne suffira pas à obtenir des résultats concluants. " On a raté l’occasion de faire une recherche clinique commune en Europe, regrette le Professeur Bouchaud. On a aussi raté l’occasion d’avoir rapidement une réponse à la question qu’on se pose tous, à savoir l’efficacité de ces traitements contre le Covid. "
Les instigateurs de Discovery persistent à dire qu’il est encore possible de construire ce réseau européen, et que c'est même primordial. Le Dr Yazdanpanah en est sûr : "À l’échelle européenne, on a pris du retard. Mais ce n’est pas fini, et on va mettre en place ce réseau et évaluer ces médicaments au niveau européen."
Ce 11 mai, un comité d’experts se réunissait pour décider des suites à donner à cette étude. Ils évalueront si les données recueillies suffisent ou si d’autres patients doivent être inclus pour arriver à des résultats concluants.