Transports, école, tests, masques… ce que prévoit le gouvernement pour le déconfinement
Le Premier ministre Edouard Philippe a dévoilé les mesures prises pour la sortie du confinement le 11 mai. Ce déconfinement sera partiel, par étape, par territoire et reposera sur des mesures strictes de distanciation sociale.
"Il va falloir apprendre à vivre avec le virus". Le Premier ministre Edouard Philippe a dévoilé le 28 avril devant l’Assemblée nationale les principales modalités qui encadreront la sortie progressive du confinement le 11 mai.
"Si tout est prêt" ce jour là, "alors commencera une phase qui durera jusqu’au 2 juin" a-t-il précisé. "Elle permettra de vérifier que les mesures mises en œuvre permettent de maîtriser l’épidémie. Et d’apprécier, en fonction de son évolution, les mesures à prendre pour la phase suivante qui débutera ce 2 juin et qui ira jusqu’à l’été".
Mais "si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai", a-t-il prévenu, ou alors "plus strictement".
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Masques obligatoires dans les transports publics
Premier point central du déconfinement : les masques seront "obligatoires" dans les transports publics et "préférables" sur les lieux de travail et dans les commerces.
Sur la disponibilité de ces produits, le chef du gouvernement veut rassurer : "Il y aura assez de masques dans le pays pour faire face aux besoins à partir du 11 mai", a déclaré Edouard Philippe, avec "près de 100 millions de masques chirurgicaux" reçus par semaine et "près de 20 millions de masques grand public lavables".
Les entreprises et collectivités devront "équiper leurs salariés". Les personnels de l'éducation et les élèves des collèges recevront également des masques. "Une plateforme de e-commerce sera mise en place par la Poste à compter du 30 avril" pour la distribution de masques grand public. En parallèle, "une enveloppe hebdomadaire de cinq millions de masques lavables" permettra aux préfets d'organiser "la distribution de masques à nos concitoyens les plus précaires".
700.000 tests virologiques par semaine
Sur la question des tests de dépistage, le Premier ministre veut faire tester massivement les personnes présentant des symptômes du Covid-19, grâce à "au moins 700.000 tests virologiques par semaine au 11 mai".
"Dès lors qu’une personne aura été testé positive, nous engagerons un travail d’identification et le test de tous ceux, symptomatiques ou non, qui auront eu un contact rapproché avec elle", et qui seront à leur tour "testés" et "invités à s’isoler".
Dans chaque département, "des brigades" seront chargées d'identifier les cas contacts, "de les inviter à se faire tester" puis de "vérifier que ces tests ont bien eu lieu".
Isolement des personnes positives
Les personnes testées positives seront ensuite invitées à s’isoler soit chez elles, ce qui entraînera le confinement de tout le foyer pendant 14 jours, soit dans un lieu mis à disposition, notamment des hôtels réquisitionnés.
Le gouvernement prévoit "des dispositifs de contrôle, s’ils devaient être nécessaires" mais précise que son objectif est de se reposer principalement "sur le civisme de chacun".
Réouverture des écoles le 11 mai et des collèges le 18 mai
Qu’en est-il des établissements scolaires, dont la question de la réouverture a provoqué de vifs débats ? Les maternelles et écoles primaires rouvriront très progressivement à partir du 11 mai sur la base du volontariat. Les collèges rouvriront quant à eux progressivement à partir du 18 mai, en commençant par les 6e et 5e, mais uniquement dans les départements peu touchés par la maladie. Le port du masque sera obligatoire pour les professeurs et les collégiens.
Les lycées en revanche resteront fermés. Une décision sera prise fin mai sur leur réouverture ou non en juin, en commençant par les lycées professionnels.
Réouverture de tous les commerces, sauf les restaurants
Tous les commerces, sauf les cafés, bars et restaurants, pourront rouvrir à compter du 11 mai mais avec des mesures de protection sanitaire, notamment le port du masque, recommandé pour le personnel et les clients si la distanciation est impossible.
Les préfets pourront néanmoins maintenir fermés les centres commerciaux de plus de 40.000 m2. Le gouvernement prendra une décision sur les bars, cafés et restaurants fin mai, pour décider s’ils peuvent ouvrir après le 2 juin.
Des déplacements limités à 100 km du domicile
Il sera par ailleurs possible de circuler sans attestation à partir du 11 mai, jusqu'à 100 km du domicile. Les déplacements plus lointains, interdépartementaux ou interrégionaux, ne seront possibles que pour "un motif impérieux, familial ou professionnel" pour "des raisons évidentes de limitation de la circulation du virus".
Réduction de l’offre des transports
La capacité des transports publics va donc être drastiquement réduite pendant au moins les trois semaines suivant la fin du confinement, afin de respecter la distanciation sociale. "Cela veut dire, par exemple, que la capacité du métro parisien sera (...) drastiquement réduite par rapport à sa capacité normale. Qu'il faudra (...) condamner un siège sur deux, favoriser, par des marquages au sol, la bonne répartition sur les quais, se préparer à limiter les flux en cas d'affluence" a détaillé Edouard Philippe.
De même, "nous allons continuer à réduire l'offre, à exiger une réservation obligatoire dans tous les trains -TGV ou non-, à décourager les déplacements entre départements", a-t-il dit, précisant notamment que les Français ne devront pas quitter leur département lors du pont de l'Ascension.
Départements "rouges" ou "verts"
En effet, le déconfinement sera différencié le 11 mai entre les départements "verts", où il sera appliqué largement, et "rouges", où il prendra une forme plus stricte.
Les départements "rouges" seront soit ceux qui auront un "taux de cas nouveaux dans la population sur une période de sept jours, (qui) reste élevé", soit ceux qui ont "des capacités hospitalières régionales en réanimation (...) tendues", soit ceux qui ont un "système local de tests et de détection des cas contacts pas suffisamment prêt".
Rassemblements limités à 10 personnes
En outre, sur l’ensemble du territoire, les rassemblements organisés sur la voie publique ou dans des lieux privés seront limités à 10 personnes. Les parcs et jardins ne pourront ouvrir que dans les départements "verts". Les plages resteront inaccessibles au public au moins jusqu’au 1er juin.
Réouverture des médiathèques, bibliothèques et petits musées
Les médiathèques, les bibliothèques et petits musées "pourront rouvrir leurs portes dès le 11 mai", mais pas les grands musées, les cinémas, les théâtres et les salles de concert, ni "les salles des fêtes, les salles polyvalentes qui resteront fermées jusqu’au 1er juin".
Les grandes manifestations sportives, culturelles, notamment les festivals, les grands salons professionnels, tous les évènements qui regroupent plus de 5.000 participants "ne pourront se tenir avant le mois de septembre".
Cultes, enterrements et mariages encore limités
Les lieux de culte pourront continuer à rester ouverts, mais "il est légitime de leur demander de ne pas organiser de cérémonies avant le 2 juin". Les cérémonies funéraires resteront limitée à 20 personnes. Les cimetières seront rouverts au public dès le 11 mai.
Enfin, "les mairies continueront à proposer, sauf urgence, le report des mariages".
Un débat "prématuré" autour de l’application Stop-Covid
Enfin, Edouard Philippe a reconnu que les questions autour de l'application Stop-Covid, notamment "en termes de libertés" étaient "fondées", mais le débat "prématuré", "compte tenu des incertitudes sur cette application". "Lorsque l’application en cours de développement fonctionnera et avant sa mise en œuvre, nous organiserons un débat spécifique, suivi d’un vote spécifique".
Un prochain rendez-vous fin mai
Quelles perspectives pour la nouvelle étape de déconfinement du 2 juin ? Les mesures envisagées dépendront du niveau de l'épidémie. "Je donne rendez-vous aux Français à la fin du mois de mai pour évaluer les conditions dans lesquelles nous organiserons une nouvelle phase de déconfinement, et prendrons en particulier des décisions sur l’organisation des cafés, des restaurants, des vacances", a enfin assuré le Premier ministre.