Sida : le Truvada® prescrit en préventif à l'hôpital Saint-Louis à Paris
Après plusieurs essais cliniques, le Truvada®, traitement destiné à l'origine aux personnes séropositives, s'est révélé efficace en prévention sur les personnes séronégatives - non infectées par le virus du sida. Bien que cette utilisation ne soit pas encore validée par l'Agence du médicament, une équipe de l'hôpital Saint-Louis a décidé de le prescrire aux personnes non infectées, mais jugées à risque.
- Allez-vous faire la même chose que vos confrères de Saint-Louis ? Les spécialistes du sida s'entendent-ils sur cette question ?
Dr Valérie Pourcher : "Je pense que la plupart des hôpitaux vont ouvrir des consultations pour gérer ce type de patients, parce que la demande va augmenter. Du côté des spécialistes, en revanche, le consensus n'est pas réel. Deux grandes études, une française et une anglaise, ont montré l'intérêt du Truvada® en prévention - mais cela nécessite encore une mise en place sur le terrain."
- Ne craignez-vous pas que la prescription du Truvada® en prévention ne provoque des comportements sexuels plus risqués encore ?
Dr Valérie Pourcher : "On sait que la prise de risque existe depuis de nombreuses années. Les sujets non infectés semblent avoir baissé les bras. Mais ils peuvent être contaminés par d’autres infections sexuellement transmissibles - et là, seul le préservatif permet vraiment de se protéger."
- Le Truvada® est un traitement très cher (500 euros la boîte de 30 comprimés). Doit-il être remboursé lorsqu’il est utilisé en prévention - alors qu'il peut être remplacé par un simple préservatif, moins coûteux pour la collectivité ?
Dr Valérie Pourcher : "C'est le rôle de la médecine de faire de la prévention. Pour ce qui est du prix, il pourra toujours être renégocié par les agences de santé avec le laboratoire fabricant."
- Les patients à haut risque dont on parle ici sont-ils des patients qui ne vous écoutent plus ? Qui ne sont plus perméables au discours de prévention ?
Dr Valérie Pourcher : "Les campagnes de prévention sont de moins en moins présentes, c’est vrai. Ceci dit, quand il y avait plus de campagnes, on ne constatait pas forcément une diminution du nombre de patients infectés."