Un rapport alerte sur les dangers du gaz lacrymogène pour la santé
L’association de toxicologie-chimie de Paris affirme dans un rapport que le gaz lacrymogène CS entraîne des effets néfastes et préconise que les gouvernements faisant usage de ce gaz en réglementent l’usage.
Irritations oculaires, étourdissements et même vomissements : les conséquences cliniques du gaz lacrymogène inquiètent beaucoup la société de toxicologie-chimie de Paris. Dans son rapport du 26 juin, l’association de scientifiques alerte sur les conséquences sur la santé des gaz lacrymogènes même 6 heures après exposition.
Dans un contexte où les manifestations se multiplient et où les gaz lacrymogènes sont beaucoup utilisés par les forces de l’ordre, ce rapport détaille les différents effets sur la santé des manifestants, mais aussi des policiers et des habitants des quartiers exposés.
Un irritant qui agit sur les yeux et le système respiratoire
En 1997, le Poisons Informations Service de Londres a interrogé 597 patients sur les effets que le gaz lacrymogène (gaz CS) a eu sur leur santé. 76% d’entre eux ont déclaré des symptômes dans les six heures suivant l’exposition et 24% en ont déclaré après les six premières heures.
En tout, 36% d’entre eux ont déclaré des irritations au niveau des yeux ou des abrasions cornéennes après six heures. 5% toussaient et avaient le souffle coupé, mais ce chiffre descend à 4% après les six premières heures.
Blocage respiratoire
La métabolisation du gaz CS entraîne la formation de cyanure en très faibles quantités chez l’humain. En cas d’intoxication aigüe au cyanure, la chaîne respiratoire se bloque et cela provoque une hypoxie, un déficit important d’apport en oxygène aux organes.
Toutefois, cet effet du cyanure peut être bloqué aux alentours de 50% par la rhodanèse, une enzyme qui peut bloquer la liaison entre le cyanure et d’autres molécules du corps.
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Des dommages dermatologiques
Outre les problèmes respiratoires, 9% des personnes interrogées rapportaient des éruptions cutanées, des érythèmes et des dermatites dans les six premières heures. Ce nombre est grimpé en flèche ensuite : 34% indiquaient des cloques, des bulles, de l’eczéma et des oedèmes.
Le rapport explique que plusieurs centaines de personnes ont même été brûlées au troisième degré par les gaz CS dans le cas d’émeutes dans une prison à Hong Kong.
Effets neurologiques, cardiaques et gastro-intestinaux
Des maux de tête et des étourdissements ont été rapportés par 10% des personnes interrogées dans les six heures qui ont suivi l’exposition aux gaz, contre 7% par la suite.
En revanche, le nombre de personnes qui ont déclaré des problèmes cardiaques augmentent avec le temps : 4% ont rapporté de la tachycardie et de l’hypotension dans les six premières heures, et 6% ont ressenti des douleurs thoraciques par la suite.
En outre, les irritations buccales et les vomissements ont été rapportés par 7% dans les six premières heures, puis par 11%.
Des effets sur les civils mais aussi sur les forces de l’ordre
Les dommages des gaz lacrymogènes sont bien présents chez les manifestants, mais aussi chez les forces de l’ordre qui y sont régulièrement exposés. Des policiers du Tennessee ont rapporté que le gaz leur avait causé des brûlures de la peau et des yeux.
Chez les civils, les pires dommages au niveau des yeux peuvent aller jusqu’à la perforation de la cornée, surtout dans les cas où le spray ou la grenade lacrymogène étaient tirés à courte distance.
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Protéger la santé publique
Le rapport de l’association de toxicologie-chimie de Paris assure qu’il « devient urgent que les gouvernements faisant usage du gaz CS prennent des décisions contraignantes allant dans le sens de la protection de la santé publique ».
Les rédacteurs citent l’exemple de l’Etat du New Jersey, « qui demande à ce que soient réalisées des analyses urinaires en cas d’exposition au gaz CS », ou du Québec où les directives de nettoyage « concernant les commerces et la surveillance des habitants de quartiers exposés sont très strictes. »