Non, les vaccins anti-Covid ne favorisent pas l’apparition de "turbo-cancers" du sein
Depuis le début de la crise du Covid, des publications sur les réseaux sociaux établissent un lien erroné entre la vaccination et l’augmentation de cas de cancers très agressifs. On vous explique pourquoi il ne faut pas s’inquiéter.
La désinformation autour du Covid-19 plane toujours sur les réseaux sociaux. Dans un message viral circulant sur Twitter, un soi-disant soignant travaillant aux urgences partage le cas d’une patiente diagnostiquée d’un cancer du sein, survenu juste après sa vaccination contre le Covid-19.
⚠️⚠️ FAKE NEWS
— Dr Jérôme BARRIERE, MD. (@barriere_dr) January 9, 2023
Je viens de recevoir ceci
Je suis bloqué par cette personne donc ne peux répondre
Ceci est FAUX!
Nous ne constatons aucune accélération des cancers ou aggravation
Encore une fois capture d’écran de sources non vérifiées avec une figure d’autorité citée
👉🗑 pic.twitter.com/rbjvKebPJO
"Arrivée en urgence de Mme X., 39 ans, fièvre. Cancer du sein diagnostiqué et traité" entre janvier et juin 2022, précise le message anonyme. La patiente aurait reçu quatre doses de vaccin anti-Covid, en décembre 2021, janvier, mars et octobre 2022.
Un lien jamais établi
Dans ce message partagé plusieurs milliers de fois, un prétendu oncologue donne également son avis sur la situation de cette patiente. "Voici exactement le type de récidive fulgurante que l’on voit depuis les injections anti-covid, cette dame est fichue." Des cas de "récidive fulgurante" également surnommés "turbo-cancers" par certains internautes.
L’internaute ayant partagé ce message met ainsi en avant la corrélation entre la vaccination anti-Covid et une prétendue augmentation des cas de cancer du sein. Or, ce lien, établi par de nombreux autres "antivax", n’a jamais été formellement établi.
À lire aussi : Quels bébés peuvent désormais être vaccinés contre le Covid ?
Une information qui "ne repose sur rien"
La rumeur d’une "réactivation des cellules cancéreuses", consécutive à une vaccination contre le Covid-19, persiste depuis plusieurs mois. De nombreux spécialistes se sont d’ores et déjà élevés contre la propagation de cette information, "qui ne repose strictement sur rien", explique à l’AFP Factuel le professeur Bruno Quesnel, directeur du pôle recherche et innovation de l'Institut national du cancer (Inca).
"Aucun vaccin n’a jamais décrit d’induction de poussée évolutive dans une pathologie" liée à une tumeur, poursuit-il, ajoutant qu'il n’existe pas "de mécanisme crédible qui pourrait expliquer" cette corrélation. "Il n’y a pas de rationnel biologique."
La protéine Spike pointée du doigt
Sur Twitter, des internautes expliquent pourtant ce lien en pointant du doigt la protéine Spike, contenue dans les vaccins anti-Covid à ARN messager. Ces tweets s'appuyent notamment sur une étude publiée en octobre 2021 dans la revue Viruses, portant sur les effets de cette protéine. Une étude qui a fait l'objet d'une rétractation par la revue en mai 2022, et qui n’a donc plus de valeur pour la communauté scientifique.
De plus, l’affirmation selon laquelle le nombre de cancers très agressifs (stade 4) a augmenté depuis le début de la vaccination contre le Covid-19, ne peut être vérifiée, les derniers chiffres officiels en France portant sur l’année 2018, précise l’AFP. Soit bien avant le lancement des premières vaccinations anti-Covid.
La vaccination "bénéfique aux personnes atteintes de cancer"
Néanmoins, si une augmentation du nombre de cas de cancers a récemment pû être observée, elle peut s’expliquer par le retard des diagnostics pris du fait de l’épidémie de Covid-19, soulignent certains spécialistes.
"La crise du Covid a créé un retard et une sous-utilisation du dépistage et ceci a pu aboutir à des maladies dépistées à un stade plus avancé", indique le Pr Pierre Saintigny, oncologue au centre Léon Bérard de Lyon, à l'AFP. Avant d'appeler à privilégier la parole de véritables spécialistes. "On sait que la vaccination est particulièrement bénéfique aux populations vulnérables et en particulier aux personnes atteintes de cancer."