Alerte au manque de soignants dans le secteur médico-social
La pénurie de personnel médico-social oblige parfois les foyers d’accueil de personnes handicapées à fermer leurs portes, au moins les week-ends. Certaines familles sont alors obligées de garder leur proche à domicile.
Victor passe normalement ses journées dans un foyer adapté. Mais depuis la rentrée, l’établissement a demandé à sa mère de le garder à domicile une semaine sur deux. C'est une lourde tâche, car Victor est infirme moteur cérébral.
"Victor ne parle pas, ne marche pas, ne tient pas assis seul, il ne peut pas se lever. Cela implique de mettre entre parenthèses absolument toute ma vie, mes activités, ma vie sociale... Normalement il est au centre tous les jours, il voit ses amis, il a plein d’activités", explique Marie-Claire Chaine-Artigny, mère de Victor.
Un secteur exclu de la revalorisation
Le foyer de Victor a dû réduire ses capacités d’accueil car il manque près de 50% du personnel. Recruter est devenu une mission impossible notamment depuis le Ségur de la santé en 2020. Le gouvernement a revalorisé les salaires des soignants des hôpitaux et des Ehpad mais le secteur du médico-social n’a pas bénéficié de ces hausses.
"A l’annonce du Ségur les infirmiers et les aides-soignants sont partis à l’hôpital clairement pour avoir la prime. La hausse du Ségur est de 183 euros net par mois sur un tout petit salaire à 1 400 euros net... C’est inimaginable pour les gens de ne pas l’avoir", commente Catherine Duchêne, directrice du centre Les Jardins de Meyzieu, association Odynéo.
Dans cet établissement, une quinzaine de poste en CDI sont à pourvoir depuis plusieurs mois, c’est une première.
Manque d'effectif et fatigue
"Moi je n’ai jamais vu ça dans ma carrière, quand on envoie des offres d’emploi on a 0 réponse", s'étonne Catherine Duchêne.
Les soignants restants courbent le dos pour absorber le manque d’effectif mais la fatigue est immense. Les soins doivent parfois être faits à la va-vite.
"C’est vrai qu’on culpabilise parce qu’on a l’impression de ne pas pouvoir faire notre travail comme il faut. Je me sens épuisée. Je pense qu’on est plusieurs à se demander si on quitte ou pas ce domaine là", réagit Marine Grassone, aide médico psychologique aux Jardins de Meyzieu.
Soignants désabusés, résidents en souffrance
Des soignants désabusés, des remplaçants tous les jours différents, souvent non formés. Les résidents sont les premiers à souffrir de cette crise du personnel.
"C’est dur. On fait moins de sorties et on fait le strict minimum", explique Michel, un résident de l'établissement.
"Si ça continue on va devoir retourner dans nos familles. Cela m’inquiète vraiment", commente Agnès, une autre résidente.
Face à ces difficultés, l’établissement envisage en effet de fermer des places d’hébergement.