Pénurie de sages-femmes : des maternités en alerte rouge cet été
À l’approche de l’été, de nombreuses maternités rencontrent des difficultés à recruter des sages-femmes. Cette pénurie inquiète, car ces effectifs réduits ne permettent plus de garantir la sécurité des patientes et les professionnels peinent à trouver des solutions. Reportage à Saint-Denis, en Île-de-France.
La jeune femme, enceinte de 7 mois accueillera très bientôt son deuxième enfant. L’accouchement est prévu le 12 août, en plein coeur d’un été qui s’annonce très tendu, comme l’explique la sage-femme.
"Cet été, on va être en grande difficulté en termes d'effectif. Il est possible que vous arriviez en travail et qu’on vous dise qu’on n'a plus de place pour vous et qu’on soit obligé de vous transférer dans un autre hôpital", explique Ophélie Percheval, sage-femme à la maternité du centre hospitalier de Saint-Denis.
Ce scénario d’urgence sème le doute chez la patiente. Cette future maman de 25 ans est très inquiète à l’idée de ne peut-être pas accoucher ici.
Dans cette maternité de Saint-Denis, la pénurie de personnel dure depuis des mois. Il manque une trentaine de sages-femmes, soit 1 professionnelle sur 3. Remplacer les congés annuels est un casse-tête, comme le planning du mois d'août.
C'est une situation critique qui touche tout le département de Seine-Saint-Denis. L’urgence est de recruter, le plus vite possible.
Opération séduction
Pour cela, la direction a mis en place des mesures pour tenter, tant bien que mal, d’attirer de nouvelles sage-femmes vers l’hôpital public.
"Aujourd'hui, nous octroyons le statut de fonctionnaire plus rapidement. De la mise en stage, à l’embauche, nous avons déployé un arsenal de mesures de type prime et également des bourses étudiantes durant lesquelles nous finançons une partie de la formation. Malgré toutes ces mesures nationales et locales, nous n'avons pas réellement de candidature", confie Etienne Rouault, directeur des ressources humaines du centre hospitalier de Saint-Denis.
L’Agence Régionale de Santé (ARS) réfléchit à une solution pour réguler les flux de patientes entre établissements. D’ici là, les médecins et sages-femmes affirment que tout sera mis en oeuvre pour ne mettre personne en danger.
"On fera pour le mieux, le personnel qui est là a l’habitude de travailler et il est présent. Cela va être au détriment de la qualité et du confort de nos patientes, on espère juste que ça ne va pas empiéter sur la sécurité. Cela serait la ligne rouge à ne pas franchir", commente le Dr Stéphane Bounan, gynécologue-obstétricien, chef de service maternité au centre hospitalier de Saint-Denis.
Dans cette maternité, au moins 600 naissances sont attendues cet été.