RIM : réécrire le scénario des cauchemars pour en guérir
Chez les adultes, la thérapie par répétition d’imagerie mentale ou RIM permettrait de réduire de 70 % la fréquence des cauchemars. Reportage au CHRU de Strasbourg qui expérimente cette thérapie chez les enfants.
La mort des parents, un personnage menaçant, des enfants recroquevillés, terrorisés... Ces images peuvent peupler les rêves très tôt dans l’enfance suite à des traumatismes. Une prise en charge psychologique est alors nécessaire pour retrouver un sommeil serein.
C’est le cas dans cette famille et notamment pour Alëxia, 11 ans. Cette petite fille d’une fratrie de six enfants a connu des violences intrafamiliales qui l’ont marquée à vie.
Mettre fin aux cauchemars récurrents
"Je pense que ce qui est difficile pour Alëxia, c'est cette difficulté de faire toujours le même cauchemar, d'avoir l'impression d'avoir une boucle sans fin" explique Laëtitia, la mère de la petite fille. "En tant que parent, on se sent parfois un peu impuissant. On ne sait pas forcément comment réagir au mieux dans ce genre de situation, on aimerait tout effacer pour son enfant, on aimerait leur enlever tout leur traumatisme", poursuit-elle.
Aujourd’hui, Alëxia, a rendez-vous avec une pédopsychiatre pour tenter de venir à bout d’un cauchemar récurrent. La méthode ici est basée sur le dessin.
"Les cauchemars post-traumatiques se caractérisent par leur récurrence, leur fixité, c'est souvent le même contenu. Leur caractère est extrêmement terrorisant et angoissant. Ils aboutissent souvent à des réveils et au fait qu'on a du mal à s'endormir justement parce qu'il y a une appréhension par rapport au sommeil", explique la Dre Julie Rolling, pédopsychiatre au CHRU de Strasbourg.
Transformer le cauchemar en simple rêve
Même la journée, Alëxia est hypervigilante, elle n’est jamais sereine. Aujourd’hui, la petite fille va tester la thérapie par répétition d’imagerie mentale (RIM). L’idée est de réécrire le scénario de l’histoire pour que le cauchemar terrifiant devienne un simple rêve.
"Mes parents viendraient me chercher tous les deux à l'école. Moi, je suis là avec ma sœur Chloé. On est toutes contentes de les retrouver. Après, on marcherait jusqu'à la maison tranquillement... Le dessin représente la famille, l'amour et la tendresse qu'on nous donne à la maison et ça va m'aider à me sentir mieux et à oublier ma peur", confie Alëxia.
Symboliquement, Alëxia fait disparaître le cauchemar dans la peluche "attrape cauchemar". Quant au nouveau rêve, Alëxia devra y penser tous les jours quelques minutes avant d’aller se coucher.
Plusieurs séances de thérapie nécessaires
"On va vraiment aider l'enfant et l'entraîner à revisualiser ce nouveau rêve en faisant attention aux perceptions, aux émotions, à tous les éléments visuels et perceptifs justement pour activer différentes aires cérébrales", précise la Dre Julie Rolling.
Plusieurs séances seront encore nécessaires pour aider Alëxia. La thérapie par répétition d’imagerie mentale n’est qu’une partie de sa prise en charge plus globale.