L'ibuprofène finalement sans danger pour les patients covid
Prendre des anti-inflammatoires comme l’ibuprofène en cas de covid n’augmenterait finalement pas le risque de forme grave, selon une vaste étude. Un résultat rassurant pour tous les malades qui en prennent au quotidien.
Peut-on prendre un ibuprofène en cas de covid ? La question se pose depuis le début de la pandémie. En effet, il y a un an, la consigne était d’éviter la prise d’anti-inflammatoires pendant une infection au coronavirus, car ils étaient suspectés d’augmenter le risque de forme grave et de décès.
Mais aujourd’hui, ces médicaments sont finalement mis hors de cause dans une vaste étude des autorités de santé britanniques publiée le 7 mai 2021 dans la revue médicale The Lancet Rheumatology.
Même taux de décès
Cette étude a porté sur les données de santé de 72.179 patients covid admis dans 255 centres de soins d'Angleterre, d'Ecosse et du Pays de Galles entre janvier et août 2020. Parmi eux, 4.211 avaient pris des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) - essentiellement de l'ibuprofène - avant leur hospitalisation.
Selon l'étude, la proportion de décès était similaire chez les patients qui avaient pris des AINS et ceux qui n'en avaient pas pris (30,4% et 31,3%).
Pas de différence de gravité
"L'utilisation d'AINS n'est pas associée à une augmentation de la mortalité ou de la gravité du covid-19", conclut l’étude.
En outre, "au moment de l'admission à l'hôpital, nous n'avons observé aucune différence significative entre les deux groupes du point de vue de la gravité de l'état des patients", écrivent les chercheurs.
Les anti-inflammatoires utilisés "en toute sécurité"
"Nous avons maintenant une preuve nette que les AINS peuvent être utilisés en toute sécurité chez les patients qui ont le covid-19", a commenté l'auteur principal de l'étude, le Pr Ewen Harrison (université d'Edimbourg), dans un communiqué.
Des résultats rassurants pour tous les malades chroniques qui "comptent sur (les AINS) pour être capables de mener leurs activités quotidiennes", note le chercheur.
Les auteurs de l’étude reconnaissent cependant que leurs travaux présentent des limites. Parmi elles, le fait qu'ils ne savent pas pendant combien de temps les patients avaient pris des AINS, ni s'ils les prenaient sur le long terme pour des maladies chroniques ou occasionnellement pour des douleurs passagères.
Principe de précaution en 2020
La crainte autour des AINS avaient émergé au début de la pandémie de covid, nourries par le fait que ces médicaments peuvent aggraver des infections, notamment bactériennes, car ils abaissent l’efficacité du système immunitaire.
"La prise d'anti-inflammatoires (ibuprofène, cortisone...) pourrait être un facteur d'aggravation de l'infection" au covid, avait twitté en mars 2020 le ministre français de la Santé, Olivier Véran, en conseillant de privilégier le paracétamol en cas de fièvre.
L’Agence européenne des médicaments (EMA) était restée prudente en rappelant qu’il n'y avait actuellement "aucune preuve scientifique établissant un lien entre l'ibuprofène et l'aggravation du covid-19".