Comment éviter l'incontinence urinaire chez la femme sportive ?
Les fuites urinaires sont un problème qui touche de nombreuses femmes et qui peut les gêner dans la pratique sportive. Quelles en sont les causes ? Comment y remédier ?
C’est un problème fréquent qui peut toucher tout le monde, même les femmes pratiquant occasionnellement un sport. Pour les plus sportives (1/4 des Françaises de plus de 25 ans sont des sportives régulières), c’est un problème car le sport est un facteur de risque.
L’incontinence urinaire se définit par toute fuite involontaire d’urine à l’origine d’une gêne. Il existe plusieurs types d’incontinence urinaire, mais, l’incontinence urinaire d’effort correspond à des fuites lors de l’effort (activités sportives, toux, rire, éternuement, marche, changement de position).
Elle est la conséquence d’une faiblesse des muscles du périnée, chargés de soutenir la vessie et l’urètre. Le périnée est un ensemble de muscles et de ligaments, reliant l’anus au pubis et formant un plancher qui soutient les organes situés dans le petit bassin.
Elle peut également être la conséquence d’une faiblesse du sphincter de l’urètre (muscle chargé d’assurer l’étanchéité de la vessie). Tout au long de la vie d'une femme, certains événements affaiblissent naturellement le périnée comme les accouchements ou la ménopause.
Quels sont les sports à risque ?
Les sports à risque sont tous les sports qui causent une forte pression sur l'abdomen mais également tous ceux qui demandent des sauts répétés et qui prédisposent à des fuites urinaires.
C’est le cas en particulier de l'haltérophilie. Les efforts lors des mouvements d'arraché - épaulé - jeté sont d'une telle intensité, que même les périnées les plus solides, ont du mal à y résister.
D'autres activités sans être à proprement parler responsables d'incontinence, peuvent aggraver une fragilité périnéale préexistante. La zumba, très à la mode actuellement, la gymnastique sportive comme le fitness, l'aérobic, mais aussi le marathon, le trail, ou encore le trampoline sont aussi à risque, ainsi que les sports collectifs comme le basket, le volley et l'équitation.
De manière générale, tous les sports qui entraînent des efforts répétés, des sauts et des pressions intra-abdominales importantes sont à risque. Parce qu'ils créent un déséquilibre abdomino-pelvien important.
Ces sports ne sont pas les seuls à incriminer, il faut savoir que la pratique trop intense et fréquente de certains abdominaux est également en cause comme les relevés de buste trop rapides, les pédalages, ciseaux quand il faut gonfler le ventre.
L'incontinence urinaire, un sujet tabou ?
- C’est en effet un sujet tabou et une femme sur deux déclare connaître le lien pratique sportive–incontinence urinaire.
- 85% des femmes interrogées considèrent qu’il s’agit d’un sujet dont il est difficile de parler à son entourage.
- 34 % des sportives occasionnelles et 48 % des sportives intensives pensent même qu’il s’agit d’un sujet dont il est difficile de parler à son médecin, selon une étude de l’INSEE, datant de 2006.
Une enquête Ifop de décembre 2018 en dit long sur la perception de l’incontinence urinaire par les Français et leurs attentes en matière de prévention.
Près de la moitié des Français (43 %) considère l’incontinence urinaire comme un sujet tabou. Plus on est jeune, plus le sujet est perçu comme gênant.
57 % des moins de 35 ans sont de cet avis alors que, plus on avance en âge, moins l’incontinence serait un sujet gênant. Les 50-64 ans sont 37 % à trouver le sujet tabou alors qu’ils ne sont plus que 30 % après 65 ans.
Le risque : renoncer à faire du sport
La crainte de souffrir de petites pertes pendant l'effort conduit un certain nombre de femmes à arrêter toute activité sportive et même certains loisirs comme la danse. C'est une grosse erreur car ce n'est pas le sport qu'il faut arrêter, c'est l'incontinence qu'il faut soigner !
Le sport, à condition de ne pas en abuser, est excellent pour la santé. Il permet en outre, de maintenir un poids de forme. On sait que le surpoids est un facteur d'incontinence, tout comme la constipation que l'activité sportive contribue également à améliorer.
Certains sports sont plus bénéfiques que d'autres pour les femmes souffrant d'incontinence : tous les sports doux, sans à-coups, sans sauts, les sports lents travaillant sur la respiration, type (tai-chi, yoga…) ou encore les sports en décharge comme la natation.
Le risque d'apparition de fuites urinaires est plus modéré lorsqu'on fait du jogging, du ski ou du tennis.
Il existe des solutions à ces troubles
Pour les sportives de haut niveau comme pour les athlètes en herbe, il faut d'abord prévenir le risque d'apparition de fuites urinaires en musclant son périnée.
Après un accouchement, la rééducation du plancher pelvien doit intervenir dans les 1ers jours après l'accouchement, en fonction du type d'accouchement que vous avez vécu (voie basse ou césarienne). La sage-femme ou votre gynécologue sauront vous orienter.
Une reprise trop rapide contre l'avis du médecin, sans rééducation périnéale, est fortement déconseillée. Vous risquez un prolapsus (descente d'organe), et une incontinence à vie.
Avant de penser à reprendre un sport après l'accouchement, le corps doit être rééduqué pour revenir à son état d'avant la grossesse, voir plus tonique et en meilleure forme. Les muscles du plancher pelvien et les abdominaux qui on été étirés doivent pouvoir retrouver leur tonicité d'avant la grossesse.
Contracter son périnée par série de 10 contractions/décontractions 3 à 5 fois par jour est un bon rythme. Toutes les occasions sont bonnes pour s'entraîner en toute discrétion, au bureau, dans le bus, en voiture.
Dans le cas où des fuites urinaires se déclareraient, il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin, généraliste ou gynécologue. Il vous aidera à trouver la solution la mieux adaptée.
Si l'incontinence est très modérée et ne survient qu'occasionnellement, des "petits moyens" permettent de vivre paisiblement, une compétition, ou un événement sportif un peu exceptionnel. Des dispositifs intravaginaux peuvent faire l'affaire. Le plus simple, c'est le tampon périodique, qui, le temps d'une épreuve sportive, peut suffire à éviter tout risque. Plus efficaces, les pessaires : ce sont des petits cubes utilisés classiquement pour lutter contre un prolapsus. Ces pessaires entraînent une contraction du périnée, et par effet ventouse, font "remonter" tous les organes. On les trouve en pharmacie ou sur internet.
La peur que l'urologue préconise d'emblée une chirurgie
Souvent les urologues tentent d'abord les petits moyens, comme la rééducation avant d'envisager une intervention.
Cette rééducation peut se faire chez le kinésithérapeute, il faut compter entre 10 à 20 séances pour tonifier son périnée et apprendre à bien connaître le fonctionnement de tous ses muscles.
Chez la femme ménopausée, un traitement hormonal local peut se révéler utile pour améliorer la trophicité de la muqueuse vaginale et traiter l'incontinence urinaire associée.
Chez les femmes de tous âges la chirurgie est aussi une option. La méthode la plus employée est la pose d'une bandelette sous urétrale.
Dans tous les cas de figure, il faut oser consulter, aller voir un spécialiste et ne pas attendre que le symptôme soit si gênant et qu'il empêche la pratique sportive.