Une surmortalité hivernale record cette année en France
En une semaine, le bilan s'est encore alourdi. Au regard des huit années précédentes, l'hiver qui s'achève a engendré 10.200 décès supplémentaires, selon les dernières estimations de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS) publiées le 11 mars 2015. L'épidémie de grippe - qui n'est pas encore achevée - a fortement participé de cette surmortalité, qui touche de façon importante les plus de 65 ans.
"La surmortalité hivernale a déjà atteint cette saison le niveau observé lors des hivers 2008-2009 et 2012-13 avec, à chaque fois, environ 10.000 décès supplémentaires", a expliqué à l'AFP le Dr Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste à l'InVS, soulignant que "l'épidémie de grippe n'est pas encore terminée". De fait, "on va très probablement dépasser la surmortalité de ces deux hivers", concède-t-il.
Selon la dernière estimation de l'InVS, "depuis le début de l'épidémie de grippe (mi-janvier), la mortalité hivernale, toutes causes confondues, est supérieure de 19% à la mortalité hivernale attendue [à cette date]". La mortalité "attendue" correspond à une estimation, établie sur la base des huit années précédentes.
L'excès est aujourd'hui estimé à 10.200 décès (la semaine précédente, à 8.500 décès). Il s'agit toutefois de chiffres arrêtés à fin février, les décès de mars n'étant pas comptabilisés, a précisé le Dr Lévy-Bruhl.
"Sans être exceptionnelle, c'est une épidémie de grippe importante", "avec depuis [son commencement, mi-janvier], 2,8 millions de cas de syndromes grippaux", a-t-il ajouté.
Faible couverture vaccinale
Une surmortalité hivernale est habituellement observée chaque année, mais elle se limite généralement à quelques milliers de décès, voire moins, d'après l'institut, dont les estimations en la matière ne remontent pas toutefois pas au-delà de 2006.
Cette surmortalité concerne plus particulièrement les plus de 65 ans et touche l'ensemble des régions, selon l'InVS.
"La contribution de la grippe dans l'excès de mortalité est connue pour être importante chez les sujets âgés sans qu'il soit possible de préciser sa part dans l'excès constaté cette saison", note l'institut.
Le rôle joué par la grippe peut s'expliquer par la prédominance des virus A/H3N2, qui touchent particulièrement les sujets les plus fragiles, la mauvaise couverture vaccinale (un sujet à risque sur deux seulement a été vacciné) et le fait que des virus H3N2 qui circulent ne sont pas couverts par le vaccin, a expliqué l'épidémiologiste. Les virus mutés sont apparus après que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décidé la composition du vaccin actuel, a-t-il souligné.
Depuis le début de la surveillance, les H3N2 représentent 59% des virus isolés en médecine générale, selon l'InVS.
Sur 1.335 cas graves de grippe admis en réanimation depuis le 1er novembre dernier, 163 ont décédés (12%). Un chiffre qui constitue un indicateur, sans prétendre représenter tous les décès survenus en d'autres lieux, notamment ceux liés à ces complications de l'infection.
Néanmoins, l'épidémie poursuit sa décrue. "Sauf événement extraordinaire qui surviendrait dans les prochains jours, cette épidémie se terminera dans 2 semaines", prédit pour sa part le nouveau réseau de surveillance de la grippe, Irsan, qui se base sur des données fournies en temps réel par SOS Médecins.
"Sur les 30 dernières années, 1/3 des épidémies ont dépassé les 3 millions de cas", poursuit l'Irsan, citant "le record absolu de 4,6 millions de cas lors de la saison 1989/90".
Selon le réseau Sentinelle, 180.000 nouveaux cas de syndromes grippaux ont été enregistrés la semaine dernière et les régions les plus touchées étaient la Corse (489 nouveaux cas pour 100.000 habitants), la Champagne-Ardenne (399) et l'Auvergne (391).
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L'élévation de cette mortalité de toutes causes chez les plus de 65 ans a également été observée cet hiver dans une dizaine de pays européens, dont, outre la France, la Belgique, l'Angleterre, l'Espagne, le Portugal, les Pays-Bas et la Suisse. "A l'échelle de l'Europe, l'excès de mortalité toutes causes confondues est estimé à 80.000 décès, tous âges confondus", précise l'InVS.