Handicap : des milliers d'enfants privés de rentrée scolaire
Comme chaque année, des milliers d'enfants handicapés n'ont pas pu rentrer en classe. Une situation inaceptable pour les associations.
En 2017, d'après le ministère de l'Education, 321.476 élèves en situation de handicap étaient scolarisés en France. Ils seront 20.000 en plus en 2018. Mais, pour les associations, le compte n'y est pas. Des milliers d'enfants handicapés ne peuvent aller à l'école, faute d'auxiliaire de vie scolaire. Le point avec Marie-Aude Torres Maguedano, directrice exécutive de l'UNAPEI (l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis).
- Quelles sont les difficultés rencontrées par les familles ?
M-A Torres Maguedano : "Le droit à l’école n’est pas effectif. On ne se donne pas les moyens. Aujourd’hui, il y a encore des parents qui n’ont pas leurs enfants à l’école. Il y a 3 réalités. Il y a des parents qui n’ont pas de scolarisation et qui aujourd’hui ne peuvent pas aller travailler parce qu’ils doivent s’occuper de leur enfant. La 2ème réalité, c’est une scolarisation partielle avec quelques heures par semaine et une qualité d’accompagnement très inégale. La 3ème réalité que vivent les parents de nos associations, c’est des listes d’attente sur des établissements médicaux spécialisés qui depuis des années n’ont pas de place pour leurs enfants."
- Combien d’enfants handicapés sont aujourd’hui privés d'école ?
M-A Torres Maguedano : "La question des chiffres est assez clef dans le domaine du handicap. On est face à une absence de chiffre. Le gouvernement, comme les précédents, ne se donne pas les moyens de chiffrer le besoin. L’absence de chiffres est assez significative de l’intérêt qu’on porte à un sujet et de l’envie qu’on a de le résoudre. Nous, aujourd’hui, on réclame les chiffres, notamment des besoins. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de diagnostics donc notre société va devoir anticiper. Ces chiffres ne doivent pas cacher le discours qu’on va avoir sur la qualité. C’est très bien d’annoncer tant d’AVS (auxiliaire de vie scolaire), tant d’AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap)… Mais le vrai sujet, c’est la compétence."
- Pourquoi le manque de compétence est-il aussi un problème aujourd’hui pour les AVS et l’AESH ?
M-A Torres Maguedano : "Aujourd’hui, la vraie question est quelle qualité d’accompagnement on veut donner ? Comment permet-on à des enfants d’avoir des vrais professionnels de l’accompagnement ? Comment permet-on à des professeurs d’avoir à côté d’eux des gens qui les aident à se concentrer sur la qualité de la question de l’école ? Comment permet-on à des parents d’avoir un équilibre dans leur vie de tous les jours ? Aujourd’hui, la question des AVS et des AESH, c’est celle de la qualité… Comment leur donne-t-on un statut ? Depuis des années, dans nos associations, il y a une expertise dont on se coupe… Nous, toutes les associations au sein de l’UNAPEI, on a sur le terrain de très belles expériences de coopérations entre des professionnels du handicap et des professionnels de l’Education nationale."