Le complexe de la vulve

Il existe sûrement des questions que vous avez toujours eu envie de poser à votre médecin, mais vous n'avez jamais osé, par pudeur, crainte, voire même honte. Notre journaliste, Mélanie Morin, se pose ces questions à votre place. Et pour cette chronique, il est question d'une partie de l'anatomie féminine qui peut complexer : la vulve.

Mélanie Morin
Rédigé le , mis à jour le

On parle assez peu de ce problème féminin et pourtant, il existe de nombreux témoignages sur le complexe de la vulve. Il s'agit en effet d'un sujet assez récurrent sur Internet. On discute beaucoup de la taille des lèvres, de la grosseur de la vulve, parfois de sa rougeur… Et j'ai pu constater qu'il y avait une certaine méconnaissance du sexe féminin.

L'appareil génital féminin, une anatomie méconnue

La vulve correspond à la partie visible des organes génitaux chez la femme. L'avant de la vulve, là où se trouvent les poils pubiens, s'appelle le mont du pubis ou plus poétiquement le mont de Vénus. Les grandes lèvres sont deux replis de chair qui couvrent les petites lèvres. Elles se rejoignent pour former un capuchon, qui cache le clitoris. Et en arrière du clitoris, on aperçoit le vestibule. C'est à cet endroit que se trouve l'orifice de l'urètre, d'où s'écoule l'urine, et l'orifice du vagin.

La "normalité", une notion à relativiser

La notion de "normalité" est à relativiser. Une vulve "normale", d'un point de vue esthétique, ne veut rien dire du tout. Il existe autant de vulves qu'il existe de femmes. Pour toutes les femmes, la taille moyenne des petites lèvres en France n'a pas été établie. Un gynécologue contacté précise que la taille des petites lèvres varie sensiblement d'une femme à l'autre. Si, le plus souvent, elles affleurent à l'extérieur de la vulve, elles peuvent être tantôt masquées par les grandes lèvres, tantôt les dépasser largement.

Le gynécologue insiste également sur le fait que "toutes ces formes d'anatomie doivent être considérées comme normales". Par ailleurs, les grandes et les petites lèvres jouent un rôle protecteur pour le vagin, le clitoris et l'urètre, elles constituent une sorte de rempart contre le milieu extérieur. Elles sont innervées, très sensibles et contribuent au plaisir sexuel. On peut donc remercier nos lèvres, peu importe leur taille !

Des femmes de plus en plus complexées par leur sexe

Beaucoup de spécialistes, gynécologues, sexologues, sociologues se sont penchés sur la question. Ils ont cherché à savoir pourquoi les femmes étaient de plus en plus complexées par leur sexe. La mode de l'épilation intégrale ou du moins très échancrée ainsi que le port de pantalons très serrés laissent entrevoir la forme de la vulve et attirent l'attention sur cette zone... et comme pour beaucoup de choses, tout doit être bien rangé à sa place, on ne veut rien qui dépasse et cela donne lieu à des situations aberrantes.

En Australie, les graphistes n'hésitent pas à retoucher les photographies des mannequins posant pour des revues érotiques car rien ne doit dépasser. Selon l'organisme qui contrôle les photos de la presse magazine en Australie, la nudité frontale est autorisée à condition que les "détails" comme les petites lèvres ou le clitoris ne soient pas trop apparents. Nous avons donc affaire des sexes fermés, lisses, "bien rangés", aseptisés si on peut dire… Ce type d'images est largement véhiculé, laissant croire à un idéal qui peut complexer certaines femmes.

En France, nous sommes mieux lotis. Contacté par nos soins, le leader du porno français affirme qu'aucune retouche n'est effectuée sur l'anatomie des mannequins et actrices. Seule la pilosité varie en fonction de la mode du moment.

Le recours à la nymphoplastie

Si sur le papier on retouche la vulve grâce à un logiciel, dans la vraie vie c'est le scalpel qui entre en jeu avec une chirurgie qui s'appelle la nymphoplastie. Le préfixe "nympho" se réfère aux petites lèvres, la nymphoplastie est donc littéralement la chirurgie plastique de cette zone. La motivation des patientes est majoritairement esthétique, l'aspect de leurs petites lèvres leur déplaît. Parfois, elles recourent aussi à cette chirurgie parce qu'elles sont gênées dans la pratique de certains sports comme le cyclisme ou l'équitation. Il arrive aussi que l'anatomie de leurs lèvres les gêne lors des rapports sexuels mais cela reste assez rare.

Lors d'une nymphoplastie, le chirurgien commence par repérer la base des petites lèvres, il place des pinces pour délimiter la partie à retirer et il découpe ensuite au bistouri le long des pinces restées en place en préservant la partie supérieure. Les petits vaisseaux sont cautérisés pour limiter les saignements. On recoud enfin le morceau de peau préservé pour reconstituer une lèvre plus fine. Le même geste est effectué sur l'autre petite lèvre.

Suite à cette intervention, la patiente n'aura pas de rapports sexuels pendant un mois, le temps de la cicatrisation et il faut attendre au moins trois mois pour obtenir un aspect cicatriciel satisfaisant. Avant d'avoir recours à la chirurgie, il y a toute une réflexion à avoir, une concertation avec son gynécologue, avec son chirurgien car il s'agit d'une intervention lourde.

Contre la dictature de la vulve parfaite, les femmes se mobilisent

Les femmes se mobilisent en effet sur Internet avec, par exemple, le projet "101 vaginas", 101 vagins en français, qui s'est développé grâce au financement participatif. Le résultat, c'est une exposition itinérante et un beau livre de photos de vulves aussi diverses qu'assumées. Il s'agit de délivrer un message de tolérance loin des clichés esthétiques.

Sur Internet, plusieurs sites proposent aux femmes d'envoyer une photo de leur sexe afin de mieux s'assumer et de constater que la notion de "normalité" n'existe pas, on a affaire à des activistes de la vulve ! Enfin, pour les plus détendues sur le sujet, sachez que la vulve s'arbore avec fierté sous forme de collier ou encore de jolie pochette appelée "vulvette". Le but est de dédramatiser l'image de cette partie de notre anatomie… 

N'hésitez pas à envoyer vos questions gênantes par mail : melanie@allodocteurs.fr
 

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