Pénis, comment le laver ?
L'hygiène intime n'est pas l'apanage des femmes ! Les hommes aussi sont censés nettoyer leur pénis, pour éviter les mauvaises odeurs et la macération propice aux infections. Comment le laver ? Avec quel produit et à quelle fréquence ? Le point avec le Dr Faix, urologue et sexologue.
L'hygiène de tout le corps et a fortiori de la verge est nécessaire de façon quotidienne, et les organes génitaux de l'homme ne font pas exception à cette hygiène de base.
Pourquoi laver son pénis ?
Plus que le risque de contagion ou de maladie par mauvaise hygiène, c'est la nécessité de se sentir bien et d'être propre pour soi et les autres et notamment pour la partenaire, en évitant les odeurs désagréables et ne pas exhaler l'odeur de transpiration.
Néanmoins, cela limitera les infections chroniques par des bactéries ou les mycoses, surtout en cas de macération et/ou dans un contexte d'obésité. En aucun cas, cela empêchera ou diminuera le risque d'IST après un rapport sexuel non protégé, et ne doit pas se substituer au port du préservatif !
Comment le laver ?
De façon la plus simple possible avec de l'eau et du savon doux, en n'oubliant pas que la peau du fourreau de la verge est fine et fragile et qu'il faudra éviter le nettoyage "énergique". Pour les patients non circoncis, où le prépuce recouvre tout ou partie du gland, le décalottage doit s'effectuer pour permettre l'hygiène de la "couronne balanique" qui est derrière le gland et où se trouvent de petite glandes dénommées glandes de Tyson.
Ces glandes secrètent du sébum de façon plus ou moins importante, elles peuvent macérer et provoquer une odeur désagréable pour le patient et sa partenaire. Bien sécher est également important, sans frotter, car la peau du fourreau et la muqueuse du gland sont fragiles, en n'oubliant pas les zones pileuses!
À quelle fréquence laver son pénis ?
L'hygiène de base est quotidienne, mais selon les situations (rapport sexuel, activité sportive, activité professionnelle salissante…), elle peut être plus fréquente et basée sur une détersion mécanique dans un but de "se sentir bien et d'être propre" : l'obsession de l'hygiène intime peut parfois pousser certains hommes à trop se nettoyer.
Cela peut entraîner des lésions de la peau et des muqueuses, pouvant faire croire à une surinfection et provoquer un nettoyage trop vigoureux et encore plus abrasif, avec un risque de fendillements, de démangeaisons, ou de plaques rouges qui aggravent encore plus la situation. Cela nécessite en général simplement des règles d'hygiène adaptées et une crème hydratante, ou parfois une consultation médicale spécialisée.
Après un rapport sexuel "classique", le nettoyage de tout le corps peut être nécessaire pour se sentir propre et surtout enlever les odeurs de transpiration, car au niveau génital, sauf en période de règles ou de l'utilisation de spermicides, la flore vaginale empêche la prolifération des germes pathogènes et explique la nécessité pour les femmes de ne pas nettoyer l'intérieur du vagin.
Mais la notion de "sexe sale" a la vie encore dure, sans compter les jeux érotiques qui ont diversifié les habitudes, la vogue des massages érotiques en préliminaire et l'utilisation de lubrifiants et huiles de massage pouvant nécessiter un rinçage plus important après le rapport sexuel et pouvant être allergisants.
À partir de quel âge ?
Pour le nourrisson et l'enfant, la question de l'hygiène se pose pour les parents et l'entourage ; l'hygiène de base est toujours de mise en sachant que les adhérences du prépuce au gland sont normales dans les premières années de la vie et se libèreront progressivement dans le bain. Le décalottage progressif fait par les parents et l'enfant dans le bain et lors de la miction après l'acquisition de la propreté, permettra à terme une hygiène optimale.
Dans certains cas relativement rares, si le décalottage n'est pas possible, une consultation spécialisée à tout âge peut être souhaitable pour éventuellement envisager soit un geste médical pour libérer les adhérences du prépuce, soit une circoncision.
Quels sont les produits recommandés ?
De l'eau et du savon doux suffisent, en prenant soin de bien rincer et sécher, de ne pas être abrasif compte tenu de la fragilité de la peau et des muqueuses, de bien insister sur les plis inguinaux et les zones de poils. Le rasage systématique de la zone génitale ou la dépilation comme le font beaucoup de femmes n'est pas une nécessité hygiénique, mais plus un effet de mode ; néanmoins, garder ses poils et son prépuce nécessite peut-être un rinçage et un séchage plus attentifs pour éviter les mauvaises odeurs !
"Mens sana in corpore sana" disaient les anciens, se sentir propre au niveau génital aide à se sentir bien, mais attention aux excès !
Le Dr Faix est également responsable du Comité d'Andrologie et de médecine sexuelle de l'Association Française d'Urologie.