Malgré le confinement, les infections sexuelles toujours en hausse
Les cas d’infections sexuellement transmissibles ont augmenté pendant la période de confinement, rapportent des chercheurs italiens. Selon eux, l’épidémie de covid aurait pu favoriser les comportements à risque.
Même en période de crise sanitaire de la covid, les infections sexuellement transmissibles (IST) ne faiblissent pas. C’est le constat que font des chercheurs italiens dans une étude présentée au congrès annuel de l’Académie européenne de Dermatologie et de Vénérologie qui s’est tenu cette année en ligne, du 29 au 31 octobre.
Les travaux ont été menés dans deux centres spécialisés en IST à Milan. Les chercheurs ont comparé le nombre de diagnostics confirmés des IST les plus communes entre le 15 mars et le 14 avril 2020, période où l’Italie était confinée, avec le nombre de diagnostics sur la même période, un an plus tôt, en 2019.
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Gonorrhée, syphilis et mycoplasmes
Résultat : malgré une réduction de 37% du nombre total de visites (147 consultations en 2020 contre 233 en 2019), le nombre d’infections bactériennes aiguës a augmenté. La gonorrhée (causée par la bactérie Neisseria gonorrhoeae), la syphilis (causée par la bactérie Treponema pallidum) et les infections à Mycoplasma genitalium sont les IST les plus fréquentes.
Pour les chercheurs, cela signifie que la pandémie de covid-19, malgré le confinement et les recommandations de distanciation physique et sociale, n’a pas inhibé les comportements sexuels à risque.
Les trentenaires se sont sentis protégés
"On a supposé que le confinement réduirait les possibilités de rencontres sexuelles et les IST" note le docteur Marco Cusini, dermatologue à la polyclinique Ospedale Maggiore de Milan, qui a participé à l’étude. "Cependant, j’ai été surpris par le nombre de nouvelles infections aiguës diagnostiquées dans ce court laps de temps " note-t-il.
Comment expliquer cela ? Pour les spécialistes, les personnes plus jeunes se sont senties protégées en pensant que la covid touchait principalement les personnes âgées. Elles ont donc pris des risques, y compris des risques sexuels. Et les cas de gonorrhée et de syphilis, plus fréquentes chez les trentenaires, ont explosé.
D’où l’importance "d’un dépistage continu des IST et le réel avantage de disposer de centres ouverts et disponibles même en ces temps sans précédents" conclut le docteur Cusini. D’autant que depuis plusieurs années, les IST sont en recrudescence partout dans le monde.
Les dépistages en baisse aux États-Unis
Aux États-Unis aussi, les IST ont été scrutées pendant la crise sanitaire et contrairement à l’Italie, les centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains ont observé une chute du nombre d’IST. Ainsi, pour la première fois depuis des années, les taux de chlamydia, de gonorrhée et de syphilis ont connu une baisse brutale. Mais il ne faudrait pas se réjouir de ce chiffre, selon les CDC.
En effet, cela signifierait plutôt que ces IST n’ont pas été dépistées et qu’elles n’ont donc pas été soignées pendant la pandémie, à cause d’un accès au soin rendu plus difficile par la crise sanitaire. Un problème de taille puisque ces infections, lorsqu’elles ne sont pas prises en charge, peuvent entraîner des maladies inflammatoires pelviennes, des douleurs chroniques voire une stérilité.
Préservatifs et dépistage, même reconfinés !
Et en France ? Aucune donnée n’a pour le moment été publiée, mais la consigne reste la même que dans les autres pays : utilisez des préservatifs pour un rapport sexuel avec un ou une nouvelle partenaire et en cas de doute ou de symptômes, n’hésitez à vous faire dépister. Pour rappel, les examens de santé et les consultations sont des motifs valables de déplacement dérogatoire pendant le reconfinement.