L'incontinence urinaire de la femme
Une femme sur trois serait concernée par des problèmes d'incontinence urinaire. Au-delà de la gêne occasionnée, les fuites urinaires constituent un véritable handicap, avec des conséquences sur la qualité de vie et l'autonomie.
En France, près de trois millions de personnes souffrent d'incontinence urinaire. Ce trouble qui touche en majorité les femmes reste encore tabou. Une personne sur quatre n'oserait pas parler à son médecin de ses fuites urinaires. Pourtant, l'incontinence n'est pas une fatalité et des solutions efficaces existent.
Qu'est-ce que l'incontinence urinaire chez la femme ?
On parle de fuite ou d'incontinence urinaire quand des pertes involontaires d'urine se produisent pendant la journée ou la nuit. Le rôle des reins est de filtrer le sang pour récupérer les déchets et les liquides en surplus. Une fois produite, l'urine s'accumule dans la vessie en passant par les deux uretères. La vessie est principalement formée d'un muscle, le muscle vésical. En bas de la vessie se trouve le sphincter urinaire. Quand la vessie est pleine, le cerveau donne l'ordre au sphincter de se relâcher, l'urine s'écoule alors par l'urètre vers le méat urinaire. Le fonctionnement du sphincter est aidé par le tonus des muscles pelviens.
Quand il y a une faiblesse des muscles pelviens et du sphincter urinaire, la porte de sortie de la vessie ne peut plus se fermer correctement, les fuites urinaires peuvent survenir, par petits jets, quand on rit, quand on tousse ou quand on fait un effort physique. On parle alors d'incontinence liée à l'effort. C'est la forme la plus fréquente mais il en existe d'autres.
On parle d'incontinence par impériosité lorsque les envies d'uriner sont très fréquentes et qu'elles ne laissent pas le temps d'arriver aux toilettes. Cette forme est liée à une hyperactivité des muscles de la vessie, qui se contractent anormalement. L'incontinence par regorgement est la forme la plus fréquente chez l'homme : elle est due à une perturbation de la fonction d'évacuation de la vessie, ce qui engendre un trop plein. La vessie se met alors à fuir en permanence, par goutte à goutte. Les personnes qui en souffrent ont l'impression de mal vider leur vessie.
Déterminer les causes de l'incontinence urinaire
Pour comprendre la cause des incontinences urinaires, il est essentiel de faire un bilan urodynamique.
Pour mieux comprendre le mécanisme des troubles urinaires, les patients doivent passer un examen urodynamique. "Les fuites urinaires peuvent être liées à plusieurs mécanismes. Soit elles sont liées à une difficulté du stockage des urines, la vessie ne se laisse pas remplir correctement, soit les fuites urinaires sont liées à un problème de compétence au niveau des muscles du plancher pelvien et notamment au niveau du sphincter qui peut parfois être un peu déficitaire", explique le Dr Frédérique Le Breton, médecin physique et de réadaptation.
La première étape est la débitmétrie, c'est-à-dire la mesure du débit urinaire. Cet examen permet d'évaluer la manière dont la vessie se vide. Pour la deuxième étape, l'infirmière installe une sonde qui permet d'injecter de l'eau dans l'urètre et mesurer les contractions de la vessie. Les résultats sont ensuite analysés par le médecin.
La rééducation périnéale comme solution
L'incontinence urinaire est parfois causée par un affaiblissement des muscles du périnée qui soutiennent, entre autres, la vessie. Des séances de rééducation peuvent être utiles afin de renforcer le périnée et ainsi limiter les fuites urinaires.
L'objectif de la rééducation périnéale est de tonifier les muscles du périnée devenus trop faibles pour assurer une bonne continence urinaire. À raison d'une séance par semaine, la rééducation du périnée dure en moyenne trois mois.
L'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes a lancé une grande campagne de sensibilisation pour rappeler l'importance de la rééducation périnéale. Contrairement aux idées reçues, tout le monde peut être concerné : jeune sportive, homme, femme de plus de 65 ans...
Cystoscopie : l'examen de la paroi interne de la vessie
L'incontinence urinaire touche de nombreuses femmes âgées. Pour trouver des solutions, elles ne doivent pas hésiter à consulter.
Une cystoscopie peut être pratiquée et permettre de déceler d'éventuelles anomalies.
Fuites urinaires : quand la chirurgie s'impose
Dans certains cas, les séances de kiné ne suffisent pas à régler les fuites urinaires. Pour les personnes dont la vessie est hyperactive, l'urologue peut proposer un opération appelée une neuromodulation. Il s'agit d'une stimulation électrique du nerf sacré.
Le nerf sacré participe au fonctionnement de la vessie, du sphincter. Et en cas d'incontinence par hyperactivité, en stimulant ce nerf par un petit courant électrique, il est possible de restaurer un bon fonctionnement de la vessie.
Pour pouvoir repérer précisément le nerf sacré, le chirurgien doit réaliser sous différents angles plusieurs radios du sacrum. Cette opération se fait sous anesthésie locale. Pour voir si l'aiguille est bien placée sur le nerf sacré, le chirurgien réalise des tests. À l'aide d'un générateur et d'un câble, il envoie de légers courants électriques dans l'aiguille.
L'aiguille sert de repère pour placer ensuite l'électrode. Une fois l'électrode en place, elle est reliée via un câble à un boîtier externe. Il sera porté à la ceinture de la patiente et alimentera le système pendant les trois semaines de test.
Quand la période de test est concluante, le chirurgien réopère la patiente pour installer un implant définitif. Toujours sous anesthésie locale, le chirurgien fait une incision pour récupérer le câble de l'électrode. Il en profite pour créer un emplacement dans la fesse afin de pouvoir y loger par la suite le nouveau générateur. Cette deuxième opération dure une dizaine de minutes. Les implants fonctionnent en moyenne cinq ans.
Une meilleure qualité de vie grâce aux bandelettes
Il existe une opération chirurgicale permettant de limiter les problèmes d'incontinence urinaire. Il s'agit de la pose d'une bandelette sous urétrale. La bandelette est passée à travers les os du bassin. Elle est positionnée sous le canal de l'urètre afin de le soutenir et donc de limiter les fuites urinaires.
La pose de bandelette sous urétrale est une technique chirurgicale qui a fait ses preuves. Seules 10 à 15% des femmes connaissent une récidive des fuites dix ans après l'intervention.
Alexandra a longtemps été très embarrassée par des fuites urinaires. Elle s'est fait opérée et porte désormais une bandelette. Une intervention qui a considérablement amélioré son confort de vie.