Evaluer l'agressivité d'un cancer à l'aide d'une prise de sang
Traquer le cancer cellule par cellule, c'est l'objectif de plusieurs essais cliniques en cours auxquels participent des centaines de patients. En comptant les cellules tumorales présentes dans une simple prise de sang, il devient possible d'évaluer l'agressivité de la maladie ou de suivre l'efficacité d'un traitement. Les équipes de l'Institut Curie, pionnières dans ce domaine, viennent de présenter au Congrès européen de cancérologie une synthèse d'études qui montre à quel point ce nouvel indicateur est directement lié au taux de survie après traitement.
Comment une simple prise de sang peut-elle déterminer un traitement contre le cancer ? Avec ce protocole, nous sommes au cœur d'une nouvelle façon de contrer la maladie, cellule par cellule, en les traquant quand elles passent dans la circulation sanguine pour former des métastases. S'il y en a peu, c'est que le cancer n'est pas trop agressif.
Des mois de chimiothérapie peuvent être évités grâce à une prise de sang. Une prise de sang traitée dans des laboratoires très particuliers. Dans ces labos, on ne compte en effet ni les globules rouges, ni les globules blancs. On ne s'intéresse qu'aux cellules tumorales. Il faut 2h30 pour que les cellules soient attrapées par des billes magnétiques et transférées dans des disquettes. Un décompte est ensuite réalisé à l'aide d'un microscope à fluorescence. Grâce à cette technique, les chercheurs peuvent ainsi détecter de une à quelques milliers (très rarement) de cellules tumorales circulantes.
Le comptage des cellules tumorales est aussi crucial dans des essais qui tentent d'accélérer l'évaluation d'un traitement. Aujourd'hui il faut en général attendre trois mois pour visualiser une réduction des métastases avec un PET-scan par exemple. "L'enjeu est d'utiliser les variations du taux de ces cellules pour dire si un traitement marche ou ne marche pas et de façon beaucoup plus rapide qu'avec les scanners, les PET-scan… où il faut souvent attendre plusieurs cycles de chimiothérapie avant de refaire une imagerie. On peut donc faire des prises de sang de façon répétée, c'est-à-dire regarder s'il y a une amélioration donc une diminution de ce taux de cellules dans le sang", explique le Pr Jean-Yves Pierga, oncologue à l'Institut Curie.
La toute première séance de chimiothérapie peut ainsi être évaluée au bout de seulement trois semaines. Si elle est efficace, le nombre de cellules tumorales circulantes chute parfois d'emblée de 70%. S'il est stable, il faut changer de stratégie. Ce suivi permettrait donc d'éviter des mois de traitement inutile mais ces bénéfices doivent encore être évalués sur la durée.
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