La dissection coronaire spontanée, un accident cardiaque méconnu
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes. Elles ont 4 fois plus de risques de mourir d’une maladie cardiovasculaire que d’un cancer du sein.
Parmi les pathologies cardiaques, il y a la dissection coronaire spontanée. Cet accident cardiaque est rare, souvent sous-estimé et méconnu, car il touche majoritairement des femmes jeunes qui n’ont pas de facteurs de risques cardiaques.
Le Pr Pascal Motreff, cardiologue au CHU de Clermont-Ferrand, a développé une prise en charge spécifique pour cette maladie.
"Comme à l’accoutumé, je finis mon repas et je me mets sur mon canapé avec mon ordinateur. D’un seul coup, j’ai senti comme si j’avais une pierre au milieu de la poitrine. C’est comme si on vous mettait un poing très fort sur la poitrine, ça me faisait très mal. Il fallait faire le 15 parce que franchement je n’en pouvais plus. J'étais paniquée, on m’a allongé sur mon lit mais j’avais encore très mal quand les secours sont arrivés. L’électrocardiogramme était tout à fait normal et à l’échographie ça ne se voit, pas non plus. Ensuite, ils m’ont emmené aux urgences", confie Carole Papon, 58 ans.
Une maladie sous-estimée
Rien n’explique les violentes douleurs thoraciques de Carole qui est sportive et en bonne santé.
Les urgentistes pensent à un infarctus, mais les examens sont normaux. Aux urgences, c’est une prise de sang qui oriente les médecins. Elle révèle un taux anormal de troponines, une protéine impliquée dans la contraction cardiaque.
"On devait avoir un chiffre de 0 à 14 moi j’étais déjà à 34, puis seconde prise de sang et là je suis montée à 400", explique Carole.
Ce taux élevé de troponine est le signe d’une souffrance du muscle cardiaque. Le Professeur Motreff prend en charge Carole en urgence et lui fait une coronarographie. Il pose enfin le diagnostic d'une dissection coronaire spontanée. L’une de ses artères est fissurée à cause d’un hématome.
"La dissection coronaire spontanée est une pathologie qui est rare mais qui n’est pas exceptionnelle. Ce sont dans 90% des femmes et dans 10% des cas, des hommes. Cet hématome se constitue dans la paroi de l’artère, il peut augmenter de volume, comprimer l’artère, stopper la circulation de cette artère coronaire et engendrer un infarctus. Si cet hématome grossit, il peut s'étendre tout le long de l’artère et finir par la comprimer ou la déchirer et entrainer une dissection d’où le nom de dissection coronaire spontanée", détaille le Professeur Motreff.
Un simple traitement médicamenteux
Pour traiter son problème cardiaque, Carole n'aura pas de pose de stent, mais un simple traitement médicamenteux avec de l’aspirine et des bêtabloquants. Le but est de reposer le cœur et les artères de Carole pendant la cicatrisation de la fissure.
Deux mois après son accident cardiaque, elle revient avec une certaine appréhension passer un nouvel examen. Carole va enfin savoir si son cœur est réparé.
"On va procéder à une nouvelle coronarographie qui, aujourd’hui, dans un parcours ambulatoire est relativement bien vécu. La patiente est certes un tout petit peu stressée mais davantage par les résultats que par l’examen qu’elle a déjà subi", précise le Pr Pascal Motreff.
Contrôle par coronarographie
L’examen se fait sous anesthésie locale. A l’aide d’une sonde, le cardiologue introduit le cathéter, remonte jusqu’au cœur et injecte un produit de contraste dans la coronaire gauche qui était touchée.
"Le résultat est absolument superbe, vos artères ont complètement cicatrisé, la nature a bien fait les choses. L’hématome s’est résorbé, il n'y a plus de dissection, on peut dire que vous êtes guéri. On voit très bien sur cet examen réalisé il y a 2 mois un hématome disséquant sur une branche coronaire. Il y a une nette réduction de calibre, l'artère est presque bouchée et circule avec beaucoup de retard. La même artère filmée sous la même incidence 2 mois plus tard montre une totale résorption de l'hématome, on peut parler d’une totale guérison de cet hématome coronaire spontané", détaille le Pr Pascal Motreff, cardiologue au CHU de Clermont-Ferrand.
Carole repart l’esprit tranquille. Dorénavant, elle devra faire un bilan cardiaque annuel.
Seulement 3% de victimes font des récidives. De nombreuses études sont en cours pour comprendre l’origine de cette maladie et prévenir sa survenue.