Comprendre et soigner le trouble dysphorique prémenstruel
Le trouble dysphorique prémenstruel ou TDPM est une forme très sévère du syndrome prémenstruel. Dépression, anxiété, trouble du sommeil et de l’alimentation... le quotidien des personnes qui en souffrent est chamboulé.
Derrière l'acronyme TDPM se cache le trouble dysphorique prémenstruel. Cette maladie a bouleversé la vie d’Émélie il y a cinq ans. La jeune femme mène alors une vie épanouie, mais des émotions négatives apparaissent.
"Il y avait des jours où tout était gris, j'avais besoin d'être rassurée en permanence, je me remettais en question, je me dévalorisais. Ça me mettait dans un état de vulnérabilité qui était tellement inconfortable, que ça se répercutait sur mes proches", explique Émélie Froment, présidente de l'association TDPM France.
Un véritable trouble psychiatrique
Au fils des mois, Émélie constate que cette tristesse est cyclique. Elle vit une dépression 15 jours par mois, les 15 jours précédents ses règles.
"J'avais l'impression d'avoir un ennemi sur mon épaule. Chaque mois, il revenait m'enlever tout ce qu'il y avait de positif en moi. C'était une lutte chaque fois pour lui survivre. J'en suis arrivée à avoir des idées suicidaires où je me disais que mes proches seraient mieux sans moi, c'est terrifiant", commente Émélie.
Méconnu et mal diagnostiqué, le TDPM est reconnu comme un trouble psychiatrique depuis 2013 seulement. Il est référencé depuis 2019 dans les maladies gynécologiques.
Antidépresseurs, thérapie comportementale...
"Le rôle des hormones dans le TDPM est assez limité. On ne note pas de différences significatives dans les variations hormonales. C'est une sensibilité du système nerveux central aux variations hormonales. On parle d'un trouble dépressif, avec un affaissement massif de l'humeur", explique Hélène Marais-Thomas, psychologue.
C’est donc le système nerveux central qui surréagit aux hormones du cycle menstruel. Si des antidépresseurs peuvent être envisagés, une thérapie est indispensable. C’est grâce à cette prise en charge qu'Émélie va mieux. Désormais, c’est elle qui soutient son amie Amandine, qui souffre aussi de TDPM. La jeune femme a été diagnostiquée il y a un an.
Entre 2 et 6 % de femmes concernées dans le monde
"Mettre un nom sur ce que je ressentais tous les mois, me dire que je n'étais pas folle, que ce n’était pas moi qui avais inventé et exagéré tout ça, m’a rassuré en quelque sorte", confie Amandine. Pour mieux informer sur ce trouble, Émélie et Amandine ont créé une association.
"Nos objectifs principaux, dans un premier temps, étaient de faire en sorte que les personnes qui soupçonnent un TDPM se sentent moins seules. Dans un second temps, c'était de pouvoir travailler sur cette errance médicale et de tenter, du mieux qu'on pouvait, de la réduire", conclut Émélie.
S’il n’existe pas encore de chiffres en France, le trouble dysphorique prémenstruel concernerait entre 2 et 6 % des personnes qui ont leurs règles dans le monde.