Couple : comment surmonter le baby clash après une naissance ?
Couple au bord de l'implosion, phrases assassines, envie de divorce... Le baby clash est une réalité éprouvante à vivre. Comment et pourquoi arrive-t-il ? Mais surtout comment en sortir, ou encore mieux, le prévenir ?
De la conception du bébé à ses premiers mois de vie, rien ne s'est passé comme prévu pour Mélina Lecluze Amorotti, autrice du livre Baby clash, comment protéger son couple après bébé*.
Entre la prise de poids, l'acné, les cheveux gras, les douleurs et la baisse de la libido, elle a mal vécu sa grossesse. L'accouchement par césarienne, ses suites douloureuses et une dépression post-partum sévère n'ont rien arrangé.
"On pense que c'est la mort du couple"
Et alors que le couple misait tout sur la venue du bébé, la vie à trois se révèle loin du conte de fée qu'ils avaient imaginé.
"Dans un baby clash, les disputes arrivent pour tout et n'importe quoi, surtout pour n'importe quoi ! s'exclame Mélina Lecluze Amorotti. Il n'y a plus de communication, plus de libido, plus de projets communs. On ne reconnait plus son partenaire et surtout on pense que c'est la mort du couple."
L'arrivée d'un enfant se transforme parfois en épreuve, s'expliquant par l'épuisement, la vie centrée sur le bébé, l'absence de temps pour soi ou encore un bébé "difficile". Certains couples ne survivent pas au baby clash. Mais comme le stipule l'autrice, "le baby clash n'est pas une fatalité, c'est juste est une période".
Le baby clash, un sujet encore tabou
"Il est très important de libérer la parole sur ce sujet très tabou, dont on parle très peu, reprend Mélina Lecluze Amorotti. La venue au monde d'un enfant est idéalisée par la société, les médias, les réseaux. Cela donne une vision erronée de ce qu'est le couple après la venue d'un enfant."
S'il n'existe pas de chiffres officiels sur le baby clash, quelques sondages donnent une idée de l'ampleur du phénomène. Deux couples sur trois y seraient confrontés, d'après un sondage de 2021 auprès de 500 mamans**.
Un chiffre qui fait se sentir moins seuls tous ceux et toutes celles qui sont confrontés à cette épreuve.
Comment sortir du baby clash ?
"Il faut se faire aider, par des professionnels comme les conseillers conjugaux, les thérapeutes de couple, les sexologues ou les psychologues", recommande Mélina Lecluze Amorotti. On peut s'aider soi-même par des lectures, aller chercher des infos, déconstruire ses pensées et mettre en place différents outils."
Ces actions permettent de mieux comprendre la survenue du baby clash, qui prend souvent naissance dans l'histoire personnelle et celle du couple. C'est le premier pas pour ajuster ses propres réactions et ses comportements au sein du couple.
D'autres conseils plus pratiques allègent la vie quotidienne, en particulier une répartition plus équitable des tâches ménagères et de la charge mentale.
"Il est essentiel de prendre soin de soi pour prendre soin de son couple et de son bébé, ajoute Mélina Lecluze Amorotti. Quand on est en avion il faut d'abord mettre le masque à oxygène ! Là, c'est pareil : si on est vidé émotionnellement, on ne peut plus donner du temps à son couple ni à son enfant."
Ce conseil est plus simple à mettre en place quand il est possible de se faire aider, par ses proches ou par des baby-sitters. S'autoriser des déconnexions parentales est aussi une option en laissant les enfants à son ou sa partenaire, pour se ressourcer.
Comment prévenir le baby clash ?
La sensibilisation est primordiale pour détecter rapidement le baby clash et adopter les bons réflexes. "La prévention passe par le fait d'en parler à son conjoint, sa conjointe, estime Mélina Lecluze Amorotti. Sais-tu si que le baby clash existe ? Si tu ne me supportes plus, il faut me le dire et je te préviendrai quand je n'en peux plus et que j'ai envie de me séparer."
Ces mots difficiles à dire sont pourtant essentiels pour lancer la discussion et éviter l'aggravation de la situation.
Organiser la vie à trois à l'avance réduit les risques, en verrouillant le mode de garde, en répartissant les taches de façon équitable pour la charge mentale. "Tout doit être bien organisé pour ne pas laisser la place aux reproches de s'immiscer dans le couple, assure l'autrice de Baby clash. Je conseille de bien préparer son postpartum en verrouillant la première année de vie du bébé, par exemple en préparant des plats cuisinés en avance les premiers mois, ou en faisant des bons pour un massage, un verre, décrocher deux minutes les téléphones pour être ensemble vraiment."
L'idée du "bon pour..." peut même se décliner pour la famille avec bon pour me garder l'enfant pour sortir 20 minutes prendre l'air.
Garder du temps de qualité à deux est fondamental, pour maintenir l'intimité du couple. Ce qui est une gageure lorsque le bébé est là mais les instants volés sont possibles avec l'aide d'un proche ou d'une baby-sitter. Cultiver la tendresse durant la grossesse et dans les mois qui suivent l'accouchement facilite également la reprise de la sexualité, sans pression et à son rythme.
"Le baby clash n'est pas une fatalité, on n'est pas obligé d'en arriver à la rupture, il y a de l'espoir ! conclut Mélina Lecluze Amorotti. Aujourd'hui, j'ai une vision différente de mon couple et je peux tout dire à mon mari. Cela a augmenté l'intimité et la confiance que l'on a en l'autre tellement on a traversé d'épreuves difficiles." De quoi rassurer les parents confrontés à cette situation éprouvante.
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*Baby clash, comment protéger son couple après bébé aux éditions Larousse, mars 2023.
**Etude ELABE réalisée auprès de 501 mamans ayant au moins un enfant de
moins de 6 ans, 56% ont moins de 35 ans (dont 3% moins de 25 ans) 44% 35 ans et
plus. Terrain conduit du 7 au 12 Novembre 2015.
