Épilepsie : des écouteurs pour déceler les crises
Faire entrer un électroencéphalogramme dans des écouteurs, c'est le pari fou de chercheurs et d'une start up française. L'objectif est de mieux connaitre l'épilepsie et d'avoir un meilleur suivi des patients. Reportage.
L’épilepsie est le trouble neurologique le plus fréquent après la migraine. Elle touche près de 600 000 personnes en France et se traduit par des crises.
Pour l’identifier et mesurer ces crises, les médecins disposent d’un outil : l’électroencéphalogramme (EEG). Le concept n’est pas tout neuf, mais a prouvé son efficacité. Pas question donc de le remplacer pour les fondateurs, qui visent plutôt une extension de son champ d’utilisation.
Cet étrange bonnet est essentiel pour passer un EEG, un électroencéphalogramme. Les 27 électrodes vont permettre de mesurer l’activité électrique du cerveau de Patrick.
Electroencéphalogramme : l'outil de diagnostic
Patrick est épileptique. Son cerveau présente une suractivité neuronale anormale. Ce jour-là, il va même faire une crise lors de l’examen. Pendant de longues secondes, il ne réagit plus. Patrick vient de reprendre conscience. Après 20 minutes, l'EEG est terminé. Le neurologue va analyser le tracé et repérer très facilement la crise. "C’est dur à rater. Vous avez brutalement votre activité cérébrale qui change complètement. Cette crise est un petit peu longue, elle a duré environ 20 secondes", explique le Dr Gilles Huberfeld, neurologue à l'hôpital de Fondation Rothschild.
Ces absences ont un gros impact sur le quotidien. Patrick ne peut pas conduire par exemple. "C’est des pertes de contact, je ne bouge plus, je n’entends plus, je ne vois plus. Je n’ai jamais fait d’autres sortes de crise, pas de convulsions, pas de chutes, pas de tremblements", raconte Patrick Baudru, 45 ans.
Ces petits écouteurs vont peut-être lui changer la vie, c’est le pari d'une start up.
Améliorer le suivi des patients épileptiques
"L’idée est de miniaturiser l’EEG dans un écouteur. Ce sont les électrodes qui sont sur l’embout en silicone et derrière, il y a un boitier avec l’électronique qui amplifie le signal", explique Hugo Dinh, co-fondateur et PDG de NaoX Technologies. Depuis le lancement du projet, Patrick teste les prototypes.
"On voit effectivement une activité électrique oscillatoire pour vérifier que ça fluctue bien comme un encéphalogramme normal, vous voulez bien fermer les yeux ? Voilà, on voit qu’en fermant les yeux, le signal se modifie", commente le Dr Gilles Huberfeld.
C'est un peu moins précis qu’un EEG, qui reste indispensable au diagnostic, le but ici n’est pas de le remplacer mais d’améliorer le suivi des patients.
Mieux connaitre les crises d'épilepsie
"En enregistrant les patients plus longtemps, notamment au domicile, dans des circonstances même où les crises peuvent être plus facilement favorisées, cela ouvre sur un monde qui était inaccessible jusqu’à présent", confie le Dr Gilles Huberfeld.
Les écouteurs permettront de mieux connaître l’épilepsie, de stabiliser les traitements et peut-être même un jour pourront-ils prédire les crises."Si d’un seul coup, on a un dispositif qui permette d’alléger cette charge mentale, ce poids psychologique qui est usant, au niveau qualité de vie, c’est juste énorme", confie Patrick.
Après une phase d’essais cliniques, une mise sur le marché est espérée dans environ deux ans. Il sera même possible d’écouter de la musique avec ces écouteurs.