Fausses couches et interruptions de grossesse : quel délai pour être à nouveau enceinte ?
Adieu les recommandations de l'OMS sur le délai nécessaire pour être enceinte après une fausse couche ? Une nouvelle étude montre qu'il n'est plus nécessaire d'attendre six mois pour recommencer les "essais bébé".
Six mois, c'est le délai d'attente recommandé après une fausse couche, pour réduire le risque de problèmes chez la mère et l'enfant. Les fausses couches, aussi appelées avortements spontanés, concernent 15% des grossesses environ.
Officialisé en 2007, le délai se fondait sur une étude menée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en Amérique latine. Elle estimait qu'en dessous de six mois, il y aurait plus de risque d'hémorragie, d'anémie, de rupture prématurée des membranes, de pré-éclampsie et de faible poids de naissance.
Pas d'impact sur la santé maternelle et infantile
Mais des chercheurs norvégiens ont publié une nouvelle étude contradictoire dans la revue Plos. Elle ajoute un argument de plus aux études précédentes, s'opposant déjà aux recommandations. Celle-ci porte sur 72 000 femmes ayant eu une fausse couche ou une interruption de grossesse provoquée, entre 2008 et 2016.
Les femmes qui étaient enceintes moins de trois mois après la fausse couche avaient un risque moins élevée de diabète gestationnel et de bébé avec un petit poids de naissance que celles qui l'étaient entre six et 11 mois. Pour les interruptions provoquées de grossesse, il y avait un risque léger de bébé avec un petit poids en cas de grossesse moins de trois mois après.
Les auteurs concluent qu'une grossesse avant le délai de six mois n'est donc pas associée à un risque de complications et invitent les autorités sanitaires à faire évoluer leurs recommandations.
En France, quelles recommandations ?
Aucune étude n'a prouvé qu'après une première fausse couche précoce (dans les trois mois de grossesse), il était nécessaire d'attendre trois ou six cycles. En France, ce délai a été officiellement abandonné depuis 2014.
En cas de fausses couches répétées, les médecins recommandent souvent d'attendre les conclusions des recherches de cause, afin de mettre en place une prise en charge adaptée pour diminuer le risque de récidive.
Si l'interruption de grossesse est médicale (IMG), une consultation génétique est également recommandée. Chaque couple doit prendre le temps qu'il faut, la nouvelle grossesse pouvant être autant attendue qu'angoissante mais il n'y a pas de délai médical à attendre avant de se lancer dans la conception.
En cas de grossesse extra-utérine, une étude de l'INSERM avait étudié la fertilité dans les suites d'un traitement chirurgical ou médical et concluait qu'elle n'était pas modifiée par le traitement. D'après le Conseil National des gynécologues-obstétriciens, 56 % des femmes sont à nouveau enceintes dans l'année et 67 % dans les deux ans. Mais les chances d'être enceinte sont surtout affectées par un âge maternel supérieur à 35 ans, l'existence d'une infertilité ou d'une maladie des trompes utérines.
Comment mettre toutes les chances de son côté ?
Le meilleur délai est celui qui vous convient, aussi bien physiquement en cas de saignements, que psychologiquement.
Un avortement spontané ou provoqué peut être éprouvant psychologiquement et prendre le temps de se remettre de ce deuil périnatal est important, pour soi et pour son/sa partenaire. Un suivi auprès d'un psychologue s'avère parfois nécessaire.
En cas de projet de grossesse, il est recommandé d'arrêter de fumer, de ne pas boire d'alcool et d'éviter les drogues. Une activité physique régulière est aussi recommandée, en sachant que les sports violents, à risque de traumatisme sont à éviter durant la grossesse.
L'acide folique (ou vitamine B9) est quant à lui recommandé un mois avant la conception et jusqu'à 12 semaines après le début de la grossesse.