Avortement : le droit à l'IVG toujours menacé dans le monde
Samedi 24 octobre, pour la troisième journée consécutive, des milliers de personnes ont manifesté en Pologne contre la quasi interdiction de l'avortement. Un peu partout dans le monde, l'IVG reste un droit menacé.
C’est un nouveau recul pour le droit des femmes en Pologne. Les Polonaises ne pourront plus avorter en cas de malformation grave du foetus. La présidente de la Cour, Julia Przylebska, a déclaré jeudi 22 octobre que la législation autorisant l'avortement dans ce cas précis était "incompatible" avec la Constitution du pays.
La législation comptait déjà parmi les plus restrictives de l'Union européenne. En Pologne en effet, l'avortement est autorisé dans deux cas de figure seulement : la grossesse doit menacer la vie de la femme enceinte ou être issue d'un viol ou d'un inceste.
200 000 IVG clandestines par an
Selon les données officielles, la Pologne et ses 38 millions d'habitants a enregistré en 2019 seulement 1.100 cas d'IVG dont l'écrasante majorité était autorisée à cause d'une malformation irréversible du foetus.
Mais d'après les ONG, le nombre d'IVG pratiquées clandestinement ou dans des cliniques étrangères pourrait atteindre près de 200.000 par an.
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Trente-deux pays se liguent contre le droit à l'avortement
Ailleurs sur la planète, l’avortement est un droit de plus en plus menacé. Dans une déclaration commune, les gouvernements de 32 pays, dont les Etats-Unis, le Brésil ou la Hongrie ont fait front contre ce droit.
Intitulée "pour la santé de la femme et le renforcement de la famille", la déclaration a été programmée pour être présentée à l’Assemblée mondiale de la santé qui se tient tous les ans à Genève. Elle se prononce notamment en faveur d’une souveraineté nationale pour les lois sur l'IVG.
“Nous affirmons que les gouvernements ont le droit souverain de créer leurs propres lois pour protéger les vies innocentes et écrire leurs règlements sur l’avortement”, a déclaré Alex Azar, le secrétaire à la Santé de l’administration Trump. Chaque gouvernement souhaiterait pouvoir durcir l’accès à l’IVG au sein de son pays sans prendre en compte l'avis d'organisations internationales comme les Nations Unies.
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Un débat relancé en France
Dans l’Hexagone, le débat récent sur l’allongement du délai légal d'une IVG a aussi ravivé les tensions. Une proposition de loi favorable à un délai légal de 14 semaines de grossesse -au lieu de 12 aujourd'hui- a été voté en première lecture, à l’Assemblée.
Mais cette proposition a suscité de nombreux débats au sein de l’hémicycle. Les députés réfractaires ont critiqué la suppression du délai de réflexion de deux jours pour confirmer une IVG après un entretien psychosocial, et surtout la suppression de la clause de conscience spécifique qui autorise les médecins à ne pas pratiquer d'avortement.
Manque de structures ou de soignants selon le territoire, refus des prises en charges tardives, désinformation... 45 ans après la loi Veil, en France aussi le droit à l’avortement est loin d'être un acquis.
Où l'avortement est-il interdit ?
Dans le reste du monde, l'IVG est interdite dans une quinzaine de pays : Malte en Europe. Congo, Djibouti, Egypte, Guinée-Bissau, Madagascar, République démocratique du Congo, Sénégal en Afrique. Salvador, Honduras, Nicaragua, Surinam, Haïti et République dominicaine en Amérique du Sud. Philippines et Laos en Asie. Palaos en Océanie.