Addiction à l'alcool : les femmes aussi !

Selon un rapport de l’OCDE, ce sont les femmes qui ont le plus augmenté leur consommation d'alcool au cours des différents confinements. 

Margot Zaparucha
Rédigé le , mis à jour le

En France, une femme sur vingt boit de l’alcool tous les jours, soit 5% d’entre elles. C’est moins que les hommes, qui sont 15% à consommer quotidiennement, mais toujours beaucoup. Ce sujet était peu abordé jusqu’à récemment, mais aujourd'hui le tabou commence peu à peu à se briser. 

L’occasion du Dry January, le fameux mois sans alcool, est de profiter du début d’année pour repartir à zéro. "Jour Zéro", est le titre du livre de Stéphanie Braquehais, publié aux éditions de L’Iconoclaste. Cette ancienne journaliste a décidé de raconter, sous forme de journal, son arrêt de l’alcool. Elle avait un problème de consommation, et a mis beaucoup de temps à s’en rendre compte.  

Alcool : s’en rendre compte 

L’alcoolisme n’a pas toujours le visage que vous pensez imaginer. Avoir un problème d’alcool, n’est pas forcément boire dès le réveil, ou de l’alcool fort. C’est ce qu'explique Stéphanie Braquehais : "Je ne buvais pas tous les jours, je buvais surtout dans le cadre de fêtes, pas plus que mes amis, souvent moins d’ailleurs, il y avait aussi ce contexte social, qui faisait qu’on buvait pas mal quand on se voyait, quand on faisait la fête, mais je pouvais passer plusieurs jours sans boire".  

Une consommation qui n'est pas quotidienne, mais pas sans conséquences non plus. Dans son livre, Stéphanie Braquehais raconte notamment une soirée où, alcoolisée, elle a risqué l’accident de voiture sans réaliser les risques qu’elle prenait. 

"C’est un effet de groupe aussi, il y a un côté bravache, on impressionne, moi je n’ai même pas peur, et donc on fait n’importe quoi, avec d’autres gens.
On reprend une bière et on trinque au fait d’avoir été courageux alors qu’en fait on a juste fait n’importe quoi. Cette espèce de flirt avec l’excès, avec le danger, concerne des millions de gens. Je sais parce que ça concernait pratiquement tout le monde autour de moi".  

La consommation d’alcool est problématique dès qu’elle a des conséquences. Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé sont claires : se limiter à deux verres par jour, cinq jours sur sept, soit un total de dix verres, maximum, sur la semaine.  

 

Consommation insidieuse des femmes

Il peut être plus difficile de se rendre compte de cette consommation plus insidieuse, qui alerte moins. Dans la pop culture, une femme qui boit, peut aujourd’hui être une femme puissante, qui s’assume.

Dans les séries, comme par exemple Desperate Housewives ou Sex and the City, toutes les rencontres entre femmes se font autour d’un verre de vin blanc ou d’un cocktail.  

Les industriels de l’alcool l'ont bien compris. L’association Addictions France a relevé plusieurs cas de marketing qui vise spécifiquement les femmes.  

Franck Lecas, juriste loi Evin, Association Addictions France : "On constate en France des créations de produits qui sont plutôt ciblés femmes, comme par exemple des bières aromatisées. On a aussi aujourd’hui des eaux alcoolisées, qui accentuent leur marketing sur le fait que c’est un produit qui fait moins grossir, qui est même bon pour la santé, ce qui est quand même assez grave en fin de compte dans leur communication puisque cela véhicule de fausses informations.

On a aussi d’autres modalités de marketing que sont le packaging. Vous avez par exemple une bouteille de champagne qui a été packagée en stick de rouge à lèvre, super glamour super sexy super luxe aussi, donc on voit bien l’image qu’on veut renvoyer". 

L'image de la femme qui travaille

Cette image fonctionne très bien, la femme mérite bien son petit verre. Chez les femmes, ce sont les cadres qui ont le plus de problèmes d'alcool, 12% d’entre elles ont un usage à risque.  

Cette consommation n’est pas toujours festive. C’est ce qu'explique le Dr Sarah Coscas. Cette addictologue a créé à l’hôpital Paul Brousse un groupe de parole réservé aux femmes.  

"Les femmes souvent consomment lié à leur état psychologique, c’est-à-dire un moment difficile, un stress, des violences, une surcharge au travail, et donc du coup elles vont utiliser l’alcool pour gérer ce stress, un divorce... On retrouve beaucoup de traumatismes chez ces femmes, avec une perte de l’estime de soi et une construction comme quoi l’autre était un peu un danger et l’alcool va jouer ce rôle de pansement un peu psychique pour la relation à l’autre". 

Accéder à ce groupe de parole  

Ce groupe de parole est proposé à l’hôpital Paul Brousse en complément des soins. Des cercles réservés aux femmes sont également organisés par l’association Addictelles, que vous pouvez contacter par mail : assoaddictelles@gmail.com.
De façon générale, vous pouvez joindre 7 jours sur 7 le numéro vert d’Alcool Info Service au 0 980 980 930.