Alcool : la femme n'est pas l'égale de l'homme
Si la consommation d'alcool a globalement diminué en France depuis les années 70, elle diminue moins chez les femmes que chez les hommes. Aujourd'hui, elles seraient 10% à boire régulièrement.
Les femmes sont de plus en plus nombreuses à consommer de l'alcool régulièrement. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce phénomène ne touche pas que les femmes issues de classes sociales défavorisées, selon une étude de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé.
Comment expliquer l'augmentation du nombre de femmes alcoolo-dépendante ? Quelles sont les conséquences sur la santé des femmes ? En quoi une prise en charge spécifique est nécessaire ?
Bien que l'abus d'alcool soit aussi dangereux pour un homme que pour une femme, l'organisme féminin est encore plus vulnérable aux effets de l'éthanol. Les études montrent que pour une même quantité d'alcool ingérée, à âge et poids égal, le taux d'alcool dans le sang est supérieur chez la femme.
Quels sont les effets de l’alcool sur les femmes ?
Pour expliquer cette différence, il faut suivre le parcours de l'alcool dans l'organisme. L'alcool est un produit psychoactif qui, une fois ingéré, se retrouve rapidement dans le sang. Une première fraction est métabolisée. Le reste pénètre dans la circulation en 40 minutes si la personne est à jeun, et en 90 minutes si c'est au cours d'un repas. Une fois dans le sang, l'éthanol est distribué en quelques minutes vers le foie, le cœur, les poumons, les reins, et aussi vers le cerveau... Reste ensuite à l'éliminer de deux manières : tel quel dans l'air expiré, la sueur ainsi que les urines, soit après l'avoir métabolisé, c'est-à-dire transformé.
Le foie prend en charge cette étape grâce à la présence d'enzymes spécifiques. Et cet équipement enzymatique est moins efficace chez les femmes. Du coup, elles éliminent moins bien l'alcool. Les effets se manifestent plus rapidement et durent plus longtemps.
Des études réalisées en neurobiologie ont montré qu'après quatre verres d'alcool, les filles présentaient plus de déficits que les garçons dans l'apprentissage d'une tâche. Les dommages apparaîtraient plus tôt chez les femmes, tout comme la dépendance à l'alcool.
Les femmes et l'alcool : les groupes de parole
À côté du suivi psychologique et médicamenteux, les groupes de parole sont un soutien précieux pour les personnes souffrant de dépendance à l'alcool.
Au sein du Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie de l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, un groupe rassemble uniquement des femmes. Elles ont entre 30 et 70 ans, sont insérées dans la société avec la plupart du temps un travail et des enfants. Elles se retrouvent tous les lundis soirs.
Les femmes vivent souvent leur alcoolisme dans la solitude, dans l'isolement parce qu'elles n'osent plus sortir, parce qu'elles ont peur du regard des autres, elles ont peur de l'image qu'elles vont donner... La thérapie collective permet donc aux femmes alcoolo-dépendantes de faire face au regard de l'autre, d'être rassurée...
Les femmes et l'alcool : le toucher thérapeutique
Les patients atteints d'alcoolodépendance, et en particulier les femmes, ont souvent un rapport difficile à leur propre corps. Des séances de toucher thérapeutique, une technique d'enveloppement proche du massage, les aident à se réapproprier une image d'elle-même souvent altérée.
La consommation d'alcool laisse des traces sur la santé des femmes, mais aussi sur l'image de leur corps longtemps malmené. Redécouvrir ce corps, retrouver des sensations de bien-être... tel est l'objectif des séances de toucher thérapeutique.
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