Faut-il avoir peur des vaccins contre la COVID ?
La peur des vaccins qui touche de nombreux Français se propage souvent via les fake-news qui circulent sur les réseaux sociaux. Certains doutent de l’efficacité des vaccins contre le Covid-19, alors pourquoi ? Le point avec Chloé Buffard.
Selon un récent sondage, 59% des Français seulement sont prêts à se faire vacciner. La France est l’un des pays les plus vaccino-sceptiques au monde.
C’est le cas du Dr Louis Fouché, ce jeune médecin anesthésiste-réanimateur travaille dans un établissement de l'Assistance Publique des Hôpitaux Marseillais. Il soutient le Pr Raoult et l’hydroxychloroquine et répond aux questions d’un collectif de gilets jaunes disant ce qu’il pense du vaccin contre la COVID-19 :
"Le virus a déjà muté quatre fois depuis mars. Le vaccin ne peut pas fonctionner".
C’est faux ! Tous les virus mutent, c’est normal. Quand ils infectent nos cellules, ils se multiplient en réalisant des copies. Parfois, il y a des "erreurs", qu’on appelle les mutations. Dans le cas du Sars-Cov-2, il n’y a pas eu 4 mutations depuis mars comme l’affirme le Dr Louis Fouché mais plusieurs dizaines de mutations déjà observées, sans qu’il y ait de conséquences claires sur l’épidémie.
Une mutation qui compromettrait l’efficacité du vaccin
C'est en théorie possible mais il n'y a aucune preuve scientifique pour l’instant qu’une telle mutation existe. Pour le cas du vaccin, ce sont les mutations autour de la protéine Spike qui pourrait être gênante.
La protéine Spike avec les petits pics autour du virus permet au virus de pénétrer dans nos cellules. Le vaccin va apprendre à notre organisme à reconnaître la protéine Spike pour déclencher une réponse du système immunitaire.
Si elle mute, si elle change de forme, le vaccin fonctionne moins bien ou plus du tout. Aucune étude n’a pour l’instant démontré que la protéine Spike aurait muté au point de compromettre la vaccination.
Il y a eu une inquiétude autour de patients danois, contaminés via des visons. Ces animaux peuvent devenir des réservoirs à virus et favoriser les mutations mais cela reste au stade d’hypothèse. Tous les visons ont été abattus par précaution.
Des effets secondaires qui font peur
Des craintes existent aussi autour de l’efficacité du vaccin, mais sur les réseaux, certains affirment que les vaccins à base d’ARN messager pourraient modifier notre ADN... C’est une fake news propagée notamment par Thierry Casasnovas.
Thierry Casasnovas possède une chaîne Youtube sur laquelle il donne des conseils santé. Adepte du jeûne et d’une alimentation crue, à base de fruits et de légumes. Il est très populaire avec 500 000 abonnées, il n’a pas de formation médicale et son discours inquiète les autorités. Plusieurs signalements ont été faits à la Miviludes, l’organisme chargé de lutter contre les dérives sectaires. Une enquête a même été ouverte par le parquet de Paris pour "mise en danger d’autrui".
Voici ses propos au sujet du nouveau vaccin à base d’ARN messager, projet porté par les laboratoires Pfizer / BioNTech et Moderna :
"Y a un putain de tsunami une vague qui est en train de nous arriver sur la gueule avec les histoires de vaccination pour le coronavirus qui sont les premiers vaccins à ARN. C’est-à-dire des vaccins qui vont venir carrément modifier ton code génétique".
Pour résumer, il craint que ces vaccins à ARN modifient notre ADN, et qu’ils nous transforment en mutant...
Qu’est-ce qu’un vaccin ARN messager ?
L'ARN messager est une technologie inédite pour un vaccin, ARN ou acide ribonucléique.
Les chercheurs extraient une partie du matériel génétique, l’ARN messager. Il va être conditionné dans une dose de vaccin puis injecté dans l’organisme. L’ARN messager pénètre dans nos cellules et provoque une réponse de notre système immunitaire. Il va fabriquer des anticorps qui vont neutraliser le virus. Le patient est ainsi protégé...
L'ARN peut-il modifier le patrimoine génétique ?
L’ARN messager, soit la partie du code génétique du virus injecté, ne peut agir sur notre ADN et ce pour deux raisons :
- L’ARN du virus ne pénètre pas dans le noyau de nos cellules. Or, c’est là que notre ADN se trouve.
- Même si c’était le cas, l’ARN messager du virus ne peut pas agir avec notre ADN, c’est-à-dire notre patrimoine génétique.
L’ARN messager ne sert qu’à fabriquer des protéines. Dans le cas du vaccin avec l’ARN du virus, il va fabriquer la protéine Spike qui va déclencher la réponse immunitaire. L’ARN messager est une molécule très fragile qui ne vit que très peu de temps dans notre organisme. Les nouveaux vaccins à ARN messager ne modifieront pas notre ADN, notre carte d’identité génétique.
Ces vaccins innovants sont-ils sûrs ?
Tous les vaccins, comme tous les médicaments, peuvent avoir des effets secondaires, qui sont heureusement le plus souvent bénins. Pour les vaccins, c’est un peu de fièvre ou une douleur au point d’injection.
D’une façon générale, les effets indésirables surviennent assez rapidement. Il y a donc déjà des retours pour les vaccins de Pfizer et Moderna sur au moins 2 mois.
La FDA, l’agence américaine du médicament a demandé aux laboratoires d’attendre au moins 2 mois après la dernière injection pour déposer une demande d’autorisation urgente. Les effets sont modérés et touchent une minorité de volontaires.
Évidemment, avec ces nouveaux vaccins, et notamment ceux à base d’ARN messager, il reste des questions sur leurs effets à long terme :
- Quels sont les effets indésirables à plus longs termes, plusieurs mois ou plusieurs années après l’injection ?
- Combien de temps va durer la réponse immunitaire qu’ils provoquent ? Quelques mois ou plusieurs années ?
Une surveillance à long terme
Tous les vaccins continueront d’être surveillés après leur mise sur le marché, c’est ce qu’on appelle la pharmacovigilance. C’est un dispositif, piloté par l’ANSM, l’agence du médicament, qui permet de surveiller les effets indésirables des vaccins après leur mise sur le marché.
Elle implique les laboratoires qui les produisent, les professionnels de santé et les patients.
Vous pouvez signaler sur un site les effets indésirables des vaccins et des médicaments. Ces données remontent ainsi aux autorités sanitaires. Ces vaccins peuvent donc avoir des effets indésirables mais tout est fait pour les éviter et ils seront surveillés.