Réanimation : des coussins pneumatiques pour éviter les escarres
Lors de la première vague, l’équipe du CHU d’Amiens (Somme) a fait appel au savoir-faire de l’entreprise de pneus Michelin pour préserver la peau les patients Covid en réanimation.
C’est devenu un exercice quotidien pour les équipes de réanimation : retourner les patients Covid sur le ventre. Cette manœuvre périlleuse, appelée décubitus ventral, est indispensable pour améliorer la ventilation des malades atteints de détresse respiratoire aigüe. Mais, cette immobilisation favorise l’apparition d’escarres, des lésions cutanées qui peuvent aller jusqu’à la nécrose de la peau.
Des coussins pour chaque partie du corps
Pour limiter ces effets secondaires, le Dr Gilles Touati, chirurgien cardiaque au CHU Amiens-Picardie (80), a eu l’idée de faire appel au savoir-faire de Michelin, le spécialiste de la fabrication de pneumatiques. Des médecins et des ingénieurs ont travaillé ensemble pour mettre au point des coussins pneumatiques adaptés aux parties du corps les plus exposés au risque d’escarres.
Un module gonflable a, par exemple, été conçu pour la tête des patients. "Il a fallu structurer un coussin de confort qui, lui aussi, prenne en compte la morphologie de la tête, avec un trou pour laisser l’oreille et son cartilage libre de toute pression, explique Philippe Jacquin, directeur du développement chez Michelin. Il fallait aussi avoir la bouche dégagée et permettre l’intubation du patient. C’était un challenge !”.
Un dispositif en test
Mise au point au plus fort de la première vague, cette innovation bénéficie maintenant à tous les patients hospitalisés en réanimation. Et, les résultats sont convaincants selon le Dr Gilles Touati. "On a pu voir la quasi-disparition des complications de décubitus, c’est-à-dire la disparition des escarres et des lésions cutanées. On a aussi vu des bénéfices secondaires qui sont en cours d’étude, comme l’amélioration des constantes de ventilation et peut-être une récupération plus rapide des patients ." Ces kits de coussins pneumatiques sont actuellement en cours d’évaluation dans une dizaine de services de réanimation en France.