Cancers professionnels : 18 anticancéreux bientôt reconnus comme substances à risque ?
L'Anses recommande de reconnaître comme cancérogène l'exposition professionnelle à 18 médicaments de chimiothérapie. Ce risque concerne près de 100.000 personnes, des soignants au personnel de nettoyage.
Des médicaments anticancéreux à l’origine de cancers professionnels. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), saisie par le ministère du Travail, propose d'inclure 18 médicaments anticancéreux à la liste des procédés cancérogènes.
Ces médicaments de chimiothérapie, utilisés en médecine humaine et vétérinaire, contiennent en effet des substances dites cytostatiques, qui exposent les personnes qui les manipulent régulièrement à un risque accru de cancer.
Infirmiers, aides-soignants, personnel de nettoyage…
Et selon une enquête du ministère du Travail datant de 2017, le nombre de personnes exposées n’est pas négligeable. 91.900 salariés sont en effet exposés à ces substances, "de la fabrication à la manipulation, en passant par le transport, la gestion des déchets, le nettoyage, etc.", souligne l'Anses.
Cela concerne donc des infirmiers, des aides-soignants, des médecins et des vétérinaires, mais aussi d'autres catégories telles que le personnel de nettoyage.
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Des anticancéreux paradoxaux
Mais pourquoi ces médicaments sont-ils dangereux ? Les substances cytostatiques qu’ils contiennent ont la capacité de bloquer la multiplication de certaines cellules. Cette propriété est employée dans des médicaments de chimiothérapie pour empêcher ou ralentir la croissance des tumeurs cancéreuses.
Mais en raison même de leur mécanisme d'action, elles "sont susceptibles de présenter des propriétés cancérogènes pour les cellules saines", ainsi que "des effets sur la reproduction et le développement", explique l'Anses.
"Paradoxalement, ces médicaments qui soignent les patients atteints de cancer peuvent donc exposer les soignants qui les manipulent à des substances elles-mêmes cancérogènes", ajoute l'agence.
Mieux former les professions exposées
Pour l’Anses, inscrire ces substances à la liste des produits cancérogènes faciliterait la reconnaissance du caractère de maladie professionnelle pour les personnes exposées. Cela contribuerait aussi à "une meilleure protection" de ces professionnels.
Mais ce n’est pas tout : l'Anses recommande aussi de mieux sensibiliser employeurs et salariés aux risques que représentent ces produits, par exemple grâce à "une surveillance des expositions de ces professionnels" ou à une formation aux "techniques de retrait de gants potentiellement contaminés ".
A ce jour, neuf types de travaux sont listés en France comme "cancérogènes au sens du code du travail". Il s’agit notamment de ceux exposant au formaldéhyde, aux poussières de bois, aux poussières de silice cristalline alvéolaire, aux lubrifiants de moteur et aux gaz d'échappement de moteurs Diesel.