Orgasmes multiples, des différences entre hommes et femmes
C'est un terme qui fascine et fait souvent envie... Or la capacité à avoir plusieurs orgasmes au cours du même rapport dépend de facteurs variés, avec de réelles différences selon le sexe.
Les différences entre hommes et femmes alimentent régulièrement les conversations, articles et documentaires. Elles s'insinuent même dans la capacité à enchaîner plusieurs orgasmes : "Les femmes auraient plus de facilité que les hommes pour des raisons physiques, confirme le Dr Gilbert Bou Jaoudé, sexologue. Chez eux, il y a une décharge de neurotransmetteurs, qui est suivie d'une descente brutale de l'excitation et ils rentrent dans la phase réfractaire."
Cette période réfractaire est caractérisée par l'impossibilité d'avoir une nouvelle érection et donc un nouveau rapport, après une éjaculation. Après l'orgasme, le désir chute et la stimulation sexuelle n'est plus efficace, voire désagréable ou douloureuse chez certains. "Cette période réfractaire est déterminante pour la possibilité de répondre à une stimulation sexuelle et pouvoir obtenir un deuxième orgasme, reprend le Pr Francesco Bianchi-Demiceli. Plus la période réfractaire est longue, plus le prochain orgasme nécessitera du temps. Et la durée de la période réfractaire dépend des individus, de l'âge, de l'intensité de l'excitation."
L'orgasme multiple n'est donc en théorie pas possible dans la gent masculine, hormis chez certains... "si ce n'est pas naturellement prévu chez l'homme, c'est possible tout de même, confirme le Pr Francesco Bianchi-Demiceli. Cela demande un apprentissage avec les techniques issues du taoïsme." Certains hommes apprennent aussi à jouir sans éjaculer grâce aux conseils issus de la prise en charge de l'éjaculation précoce, ce qui leur permet de prolonger leur érection.
Physiologiquement, les femmes ont la capacité d'avoir des orgasmes multiples puisque de nombreuses femmes n'ont pas réellement de période réfractaire, ou très courte. Leur niveau d'excitation peut remonter rapidement après un premier orgasme qui peut déboucher sur un second si le rapport est poursuivi et les stimulations suffisantes pour jouir. Toutefois, une période réfractaire peut exister dans le sens où la stimulation des organes génitaux devient très sensible, désagréable voire douloureuse après l'orgasme, empêchant alors la poursuite du rapport et un nouvel orgasme. De plus, d'autres facteurs sont aussi en jeu dans le plaisir féminin : la bonne connaissance de son corps, la capacité à lâcher-prise, un désir élevé, des stimulations adaptées du/de la partenaire, la confiance dans celui/celle qui avec qui elle fait l'amour, la fatigue, les préoccupations, etc.
"17% ou 20% de la population féminine sont multi-orgasmiques mais autant vont le découvrir au cours de leur vie, estime le Pr Bianchi-Demicheli, sexologue. Ce chiffre pourrait atteindre 40%, à l’appui de résultats de certaines études cliniques, si l’on tient compte des femmes multi-orgasmiques qui s'ignorent : celles qui n’ont pas encore exploré leur sexualité jusqu’au bout ou qui n’ont peut-être pas encore rencontré le partenaire susceptible de leur apporter ce genre de sensations."
Des formes d'orgasme différentes
Les orgasmes multiples ne sont pas forcément similaires chez les femmes : "il n'y a pas de règle, explique le Dr Bou Jaoudé. Si une femme était très excitée pendant le rapport, le premier orgasme sera très fort et ceux qui suivent plus ou moins forts et en descente. Chez une femme qui avait une excitation plus ou moins forte, le premier réveille l'orgasme et les suivant sont plus forts."
Tout dépend aussi de la zone qui est stimulée : "La source de l'orgasme peut donner un vécu différent, ajoute le Pr Bianchi-Demiceli. L'orgasme a plusieurs sources possibles et toutes sont normales. Une douzaine de sources potentielles différentes sont décrites chez la femme (clitoris, vagin, col de l'utérus, point G, urètre, anus, rectum, mamelons, stimulation du cou, baiser, imaginaire, ou plusieurs sources en même temps). Certaines femmes peuvent découvrir ainsi de nouvelles sources, au-delà des traditionnelles faisant appel au clitoris et vagin : elles peuvent se manifester au cours du temps, en fonction des rencontres et par la découverte d'elles-mêmes si elles s'autorisent la recherche."
Chez les hommes, c'est là encore différent : "c'est le dernier orgasme qui est toujours le plus fort car c'est le dernier qui est associé à l'éjaculation, reprend le sexologue. C'est très rare que ce soit descrendo." Le ressenti de l'orgasme peut être différent d'une fois sur l'autre.
L'orgasme multiple, une simple variante...
S'il fascine, pour autant l'orgasme multiple n'a pas d'intérêt en soi. Certes, il est agréable d'avoir plusieurs orgasmes et les personnes multi-orgasmiques ne s'en plaignent pas ! Mais cette capacité ne majore pas forcément l'intensité du plaisir et ne doit pas être vu comme le "Graal" de la sexualité ! Les deux sexologues se rejoignent sur ce point : "Expérimenter des orgasmes multiples n’est pas forcément plus satisfaisant que de se contenter d’un seul, détaille le Pr Bianchi-Demicheli. La satisfaction d’une femme ne se mesure d’ailleurs pas au nombre d’orgasmes qu’elle peut vivre. Tous les types de jouissance se valent !" Que l'orgasme prenne sa source au niveau du clitoris, du vagin, de l'anus et du rectum, ou même de la stimulation des seins...
"Il faut juste savoir si l'on est multi-orgasmique, que cela existe et que c'est tout à fait normal, confirme le Dr Bou Jaoudé. Si on ne l'est pas, on peut se donner la chance de le découvrir en essayant après un premier orgasme, mais si l'on arrive pas, ce n'est pas grave du tout !