Soigner le cancer grâce aux nanoparticules
La radiothérapie est un traitement incontournable du cancer. Associée à des injections de nanoparticules, elle serait encore plus efficace pour éliminer les tumeurs, selon un essai clinique mondial. Reportage.
Hervé souffre d’un cancer ORL. En plus de la chimiothérapie et de la chirurgie, il doit suivre 35 séances de radiothérapie. Des rayons X vont être envoyés sur une zone très ciblée. C'est pourquoi pendant la séance, il est immobilisé grâce à un masque.
"Ce patient a une tumeur au niveau du larynx, qui va être traité par les rayons", explique Marie Servajean, manipulatrice en radiothérapie à l'institut Curie.
Nanoparticules et radiothérapie, un cocktail gagnant
Une radiothérapie "classique" envoie des rayons X au cœur de la cellule cancéreuse. Ces rayons détruisent l’ADN contenu dans le noyau de la cellule. Ainsi, la cellule ne peut plus se multiplier et finit par mourir.
Les rayons vont également stimuler la production de radicaux libres, qui vont détruire la tumeur. Dans la plupart des cas, la radiothérapie est associée à la chirurgie et à la chimiothérapie. Le problème est que tous les patients ne peuvent pas bénéficier des trois traitements combinés.
"Certains patients ne peuvent pas recevoir une chimiothérapie parce qu'ils ont une contre-indication, qu'elle soit liée à l'âge ou à des comorbidités" commente le Pr Christophe Le Tourneau, oncologue et responsable des essais cliniques à l'institut Curie. "Dans ce cas il faut trouver de nouvelles solutions pour augmenter l'effet de la radiothérapie. C'est l'objectif des nanoparticules qu'on injecte dans la tumeur avant de démarrer la radiothérapie", poursuit-il.
Démultiplier l’effet de la radiothérapie
Les nano-particules sont 1 000 à 10 000 fois plus petites qu’une cellule. Elles pourraient révolutionner la radiothérapie.
En pratique, on injecte des nanoparticules d’un métal, l’hafnium, dans la tumeur. Ces nanoparticules ont une très forte capacité d’absorption d’énergie. Sous l’effet des rayons X, elles produisent neuf fois plus de radicaux libres qu’une radiothérapie classique.
Grâce aux nanoparticules, la radiothérapie est donc beaucoup plus efficace. Cette innovation a été évaluée dans un essai clinique.
Pas plus d'effets indésirables
Jean-Claude, 84 ans, y a participé il y a six ans. Il était alors atteint d’un cancer de l’amygdale, à un stade avancé. "L'oncologue m'a dit, vous n'êtes pas jeune, on ne peut pas vous faire de chimio. 15 jours après, on a fait une injection de nanoparticules dans ma tumeur. C’était un nouveau traitement, j'avais confiance dans la médecine", confie-t-il.
Aujourd’hui, Jean-Claude est guéri. L’essai clinique a démontré que les nanoparticules n’entraînaient pas plus d’effets indésirables. L’effet thérapeutique est maintenant évalué sur 500 patients recrutés dans le monde entier.
Si les résultats sont concluants, cette technique pourrait être généralisée à partir de 2028, notamment dans les cancers ORL, du pancréas, du rectum et du poumon.