Fausse couche : comment traverser cette épreuve
En France, une grossesse déclarée sur cinq est interrompue brutalement par un avortement spontané. Une douloureuse épreuve chargée de tabous et de culpabilité pour la plupart des femmes. Comment la surmonter et aborder la prochaine grossesse avec sérénité ?
Les signes d'alerte d'une fausse couche
La fausse couche est relativement fréquente en France (12 à 15% des grossesses se terminerait par une fausse couche mais ce chiffre pourrait monter à 20% des grossesses confirmées). En dépit de sa fréquence, elle n'en est pas moins un événement difficile à vivre, voire traumatisant, pour la femme comme pour le couple. Et ce, d'autant plus que les fausses couches se répètent...
On parle de fausse couche, quand un embryon ou un foetus est expulsé spontanément avant qu'il ne soit viable, c'est-à-dire avant 20 semaines de grossesse (ou 22 semaines d'aménorrhée). Au-delà, on parle d'accouchement prématuré. Elle se manifeste par une douleur à type de crampe, une hémorragie puis l'expulsion de tissus. Quand elle survient tardivement, après la 14 semaines d'aménorrhée, il peut y avoir l'émission d'un jet de liquide.
Différents signes peuvent alerter sur le risque de fausse couche précoce : des saignements, des douleurs qui ressemblent à de violentes douleurs de règles, parfois associées à des crampes, la disparition de tous les signes de grosses. Une fausse couche tardive peut être annoncée par des contractions régulières et des saignements. Une fausse couche qui est en cours ne peut pas être empêchée mais il faut consulter en urgence pour être prise en charge de façon adaptée.
L'utérus est recouvert d'une muqueuse qu'on appelle l'endomètre. C'est dans cette muqueuse que l'œuf fécondé s'implante et qu'un réseau de vaisseaux se forme de part et d'autre de l'endomètre (entre la mère et le futur bébé), c'est le placenta. Cette étape est cruciale pour le bon déroulement de la grossesse. C'est au cours des douze premières semaines que le risque de fausse couche est le plus important. Cette période englobe la fécondation, l'implantation de l'œuf puis l'apparition du placenta, ainsi qu'un début de développement.
Les fausses couches de cette période passent souvent inaperçues, car l'œuf est si petit qu'il est évacué dans les sécrétions utérines avec les règles. Les causes de fausse couche peuvent être multiples : un embryon qui n'a pas pu s'implanter dans la muqueuse utérine, ou qui s'est arrêté de se développer après l'implantation. On parle alors de mortalité embryonnaire précoce qui est due le plus souvent à des malformations chromosomiques apparues au moment de la fécondation ou au cours des divisions de l'embryon. Certains facteur sont connus pour augmenter le risque de fausse-couche : l'âge supérieur à 35 ans, la consommation importante de café ou d'alcool, le tabagisme, ou une maladie mal contrôlée comme le diabète, un trouble de la thyroïde.
Une fausse couche peut survenir plus tardivement, après la quatorzième semaine d'aménorrhée ; on parle alors de fausse-couche tardive. Il peut s'agir aussi bien de complications de développement, que de problème au niveau de l'utérus ou du col. Le placenta peut se détacher de la paroi et induire une hémorragie. Le col de l'utérus peut manquer de tonicité et s'ouvrir, il devient alors une zone de passage pour d'éventuelle infection. La sac amniotique peut lui aussi être fissuré, ce qui déclencherait également une fausse couche tardive.
Les causes de la fausse couche
Lorsque la femme fait des fausses-couches répétées, des démarches de recherche de diagnostic sont alors lancées afin de déterminer les causes possibles. Pour cela, on peut être amené à réaliser ce qu'on appelle un examen foetopathologique. Il s'agit d'observer les vestiges embryonnaires et de procéder à des analyses au microscope.
Une anomalie chromosomique. Neuf fois sur dix, la première fausse couche est due à une anomalie chromosomique. Dans 85% des cas, la grossesse suivante se déroule normalement.
Des anomalies utérines. Malformation congénitale, polypes, fibromes sont quant à elle à l'origine de fausses couches à répétition. Ces anomalies concernent environ 1% des femmes enceintes. Dans le cas des fausses couches répétitives, il est indispensable d'analyser le placenta, l'endomètre et l'embryon, pour trouver la cause de la fausse couche.
Certains virus, comme le cytomégalovirus, l'herpès ou même les oreillons, et la grippe, peuvent être à l'origine d'une fausse couche. La consommation de tabac et d'alcool peut aussi favoriser un avortement.
L'examen chromosomique
Plus de la moitié des fausses couches serait due à des malformations chromosomiques. A partir d'un échantillon du placenta, le caryotype de l'embryon va être reconstitué et analysé au microscope.
Le caryotype permet de repérer s'il s'agit d'un simple accident de fécondation, n'impliquant pas de récidives, ou s'il s'agit d'une anomalie génétique héréditaire, générant des risques de fausses couches multiples.
La technique du cerclage
Lorsqu'une patiente risque de faire une fausse couche, parce qu'elle présente par exemple une béance du col de l'utérus, c'est-à-dire une ouverture trop grande du col, on peut lui poser un cerclage. Le cerclage du col de l'utérus consiste à placer un fil épais non résorbable de manière à fermer le col, afin que le futur bébé reste bien en place jusqu'au terme. Le fil est ensuite retiré lors de l'accouchement.
Il permet d'éviter les fausses couches tardives (à partir du deuxième trimestre) et se pratique généralement vers le quatrième mois de grossesse. Cette intervention seule ne suffit toutefois pas à empêcher un accouchement précoce. Cela oblige la patiente au plus grand repos pendant toute la durée de sa grossesse, pour éviter les contractions.
En cas de fausses couches à répétition, une autre technique est proposée : le cerclage définitif. Contrairement au cerclage classique que l'on retire à 37 semaines de grossesse, le cerclage définitif reste en place toute la vie. Il est réservé aux cas les plus graves. "L'indication du cerclage définitif, c'est au moins deux fausses couches tardives ou un accouchement très prématuré, c'est-à-dire avant trente semaines, avec un échec du cerclage classique. Il n'y a pas d'autres indications que celles-ci", précise le Pr Hervé Fernandez, gynécologue-obstétricien. Le cerclage définitif est posé entre treize et quinze semaines de grossesse.
Conseils après une fausse couche
Après une fausse couche, un travail de deuil doit alors se faire. Il est plus ou moins rapide selon les femmes, et particulièrement douloureux quand les fausses couches se répètent.
Parler, se confier, trouver du réconfort. Après une ou plusieurs fausses couches, certaines femmes ressentent le besoin d'être écoutées.
Les principaux conseils donnés après une fausse couche sont les suivants :
- Attendre le retour des règles avant d'être à nouveau enceinte (aucune étude n'a prouvé qu'il était nécessaire d'attendre deux ou trois cycles, après une première fausse couche).
- Le suivi par un psychologue est parfois utile, pour pouvoir accueillir sereinement le futur bébé.
- Sur le plan physique : il est conseillé de ne pas fumer ou boire de l'alcool. Il faut éviter les sports trop violents et surtout, l'automédication.
En savoir plus
Sur Allodocteurs.fr
· Fausse couche : oser en parler
· Deuil périnatal, cette mort dont on ne parle pas
· Fausse couche : une femme sur six souffre de stress post-traumatique
· Fausse couche : comment réagir ?
· Fausses couches : comment les prendre en charge ?
· Qu’est-ce qu’un placenta praevia ?
· Une femme sur 10 a fait une fausse couche dans le monde
· Meghan Markle brise le tabou de la fausse couche
· Fausse couche, un sujet encore trop tabou !
Ailleurs sur le web
· Association AGAPA
· Organisation mondiale de la Santé
· Réseau de Santé Périnatal Parisien (RSPP)