Préservatif : la campagne ministérielle provoque un tollé
Le 18 juillet dernier, l'agence sanitaire Santé Publique France a lancé une campagne de prévention pour inciter au port du préservatif. Moralisateurs et culpabilisants, les slogans choisis sont loin de faire l'unanimité.
"Ca t'évitera de faire la queue à la pharmacie pour acheter un test de grossesse... ça t'évitera une rupture pour des motifs franchement gênants... ça t'évitera d'annoncer à l'infirmière/le médecin que tu as eu un rapport non protégé...", voici des exemples de bonnes raisons invoquées par l'agence ministérielle Santé Publique France pour promouvoir le port systématique du préservatif. Cette campagne digitale a été lancée le 18 juillet dernier sur le site Internet Onsexprime.fr, (site dédié à la prévention des IST - infections sexuellement transmissibles - et du VIH).
Des messages jugés moralisateurs
"Pourquoi faut-il toujours avoir un préservatif sur soi ?", pour répondre à cette question, le ministère a voulu jouer la carte de l'humour. Mais la blague a vite tourné court. Relayés sur les réseaux sociaux, les messages jugés moralisateurs et culpabilisants ont suscité de vives réactions de la part d'anonymes comme de spécialistes.
Interrogé par le média TÊTU, le président d'Aides, Aurélien Beaucamp, dénonce une campagne "stigmatisante" qui porte "des jugements de valeurs". "C'est aberrant, qu'en 2018, on considère toujours le préservatif comme seul moyen de prévention et que l'on stigmatise à ce point les jeunes. C'est quoi le message qu'on envoie ? : « Ne parle pas de tes relations non protégés à ton médecin »".
Aurélien Beaucamp souhaite la mise en place d'une campagne "claire" et "hyper inclusive". "Il faut parler de tout et de tout le monde", précise-t-il.
Santé Publique France se justifie
Interrogé sur le message de culpabilisation des patients et de l'image de soignant-juge, Santé Publique France a indiqué à nos confrères de FranceInfo : "Il s'agit d'une campagne de promotion du préservatif qui utilise l'humour et les codes des réseaux sociaux des adolescents". "Il est difficile pour les adolescents de parler de sexualité avec des adultes en général, y compris les professionnels de santé aussi bienveillants et accueillants soient-ils. C'est ce point de vue des adolescents que la campagne adopte à travers sept messages différents", explique Nathalie Lydié, responsable de l'unité Santé sexuelle de l'agence.
Diffusée depuis le 18 juillet sur Instagram et Snapchat, la campagne n'avait jusqu'alors "pas suscité de réactions négatives de la part de son public cible, les 12-18 ans", précise l'agence Santé Publique France. La campagne est prévue jusqu'au 17 août 2018.