Santé des étudiants : la contraception et la prévention négligées
Une enquête nationale sur l'état de santé des étudiants de l'Union nationale des mutuelles étudiantes régionales (Usem) montre que les étudiants sont encore trop peu concernés par les questions de contraception et de prévention des IST. Il apparaît également que l'accès aux informations sur la contraception et la pratique du dépistage sont conditionnés par leur lieu de vie.
Manque d'information ? Difficulté d'accès aux soins ? Désinvolture ? Si les causes sont certainement multiples, les chiffrent parlent d'eux-mêmes. Le rapport de l'enquête pointe du doigt une négligence concernant la contraception ainsi qu'un mauvais accès au suivi gynécologique et à la prévention des infections sexuellement transmissibles.
La contraception trop souvent oubliée
L'utilisation d'un moyen de contraception efficace semble loin d'être systématique chez les étudiants. Si le réflexe du préservatif est bien observé lors du premier rapport sexuel (neuf étudiants sur dix déclarent l'avoir utilisé), ils ne sont plus qu'à peine sept sur dix à garder le réflexe de la contraception dans la poursuite de leur vie sexuelle. Et de manière assez prévisible, les garçons sont encore moins investis que les filles : ils sont seulement 61 % à s'assurer de la présence d'un moyen de contraception lors des rapports sexuels. Les filles sont 73 % à continuer à se protéger. Cette négligence se traduit par une importante utilisation de la contraception d'urgence. 36 % des filles déclarent avoir déjà eu recours à la pilule du lendemain. Et elles sont 3 % à avoir subi une interruption volontaire de grossesse.
Suivi gynécologique et dépistage des IST insuffisants
Alors qu'une consultation gynécologique annuelle est recommandée, pour faire le point sur la contraception et dépister les IST, il s'avère que seule une étudiante sur deux bénéficie de cette consultation. Autre information préoccupante révélée par le rapport de l'enquête : 60 % des étudiants ne se sont jamais fait dépister contre une ou plusieurs infections sexuellement transmissibles. Face à ces constats, le président de l'Usem, Cédric Chevalier, rappelle qu'il réclame des pouvoirs publics "la création d'un bilan gynécologique pris en charge à 100 % par l'Assurance-maladie" pour "offrir aux jeunes femmes un diagnostic contraception personnalisé" afin de "limiter les échecs contraceptifs".
Des pratiques de soins liés au lieu de vie
Le rapport de l'enquête de l'Usem met en lumière un point intéressant. En fonction de leurs conditions d'habitation (logement au domicile parental, cité universitaire, collocation ou logement individuel), les étudiants adoptent des comportements différents en matières d'accès à l'information, de dépistage et de suivi gynécologique.
Ainsi, les étudiants qui vivent en logement individuels ont plus recours aux professionnels de santé pour s'informer sur la contraception, tandis que ceux qui vivent chez leurs parents privilégient leur famille et les centres de planification. Les étudiants qui vivent en résidence universitaire utilisent plus le centre de médecine préventive de leur établissement pour s'informer, mais ce sont aussi ceux qui sont les plus nombreux à ne pas avoir accès à l'information.
En matière de dépistage, les jeunes qui vivent en famille sont plus nombreux à n'avoir fait aucun test de dépistage, alors que ceux qui logent en collocation ou seuls sont plus nombreux à en avoir fait au moins un. Même tendance pour le suivi gynécologique : les jeunes filles logées chez leurs parents sont plus nombreuses à déclarer ne jamais avoir vu un gynécologue, contrairement à celles qui sont en collocation ou seules.
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