Commet améliorer la prévention pour la santé des hommes ?
Les hommes répondent moins bien aux messages de prévention que les femmes. Alors comment les aider à adopter des stratégies plus "constructives" et mettre au point des programmes mieux ciblés pour eux ?
Pourquoi certains hommes s’occupent mieux de leur santé que d’autres ? Comment faire pour appliquer ce que certains font à ceux qui ne font pas ?
Parmi les réponses proposées, il y a l’influence du quartier dans lequel on vit :
- L’accès facile à des fruits et légumes frais pour bien manger.
- La présence de voies cyclables pour pouvoir faire de l’exercice.
- La présence d’espaces verts dans lesquels on peut se détendre.
Mettre à disposition un environnement favorable à une bonne hygiène de vie, facilite de meilleures dispositions à ces intérêts, c’est donc très important.
Un autre levier important de la prévention est le fait d’avoir une compagne ou un compagnon qui a une influence positive, s'il/elle s'occupe déjà bien de sa santé. Même constat avec les collègues, amis, ou coéquipiers. C’est là que les pistes sont les plus prometteuses pour cette prévention qui vise le changement individuel.
Faire la promotion de la santé entre amis et collègues
Les chercheurs parlent de "contrôle social par les pairs". L’expression peut faire froncer les sourcils, mais elle désigne le fait d'être sensible aux compliments ou encouragements de nos pairs, particulièrement avec des personnes du même sexe, du même âge, avec qui on partage une activité importante. On est aussi sensible bien sûr, à la réprobation, ou aux conseils. Ce qu’on va chercher à faire, c’est promouvoir les formes positives, renforcer les effets de ces interactions quand elles permettent d’arriver à mieux s’occuper de soi.
Concrètement, les groupes de pairs ont montré leur efficacité dans certains domaines, comme la perte de poids par exemple. Un homme qui rencontre fréquemment un groupe d’autres hommes qui cherchent à perdre du poids en perdra plus que s’il fait les mêmes choses, même régimes et mêmes activités physiques, seul dans son coin.
Dans un autre registre, on voit de plus en plus de groupes de collègues pratiquer de l’activité physique ensemble, groupes de footings, ou des cours d’aquagym le midi.
L'effet boule de neige
L’idée d’être inspiré par l’autre, mais aussi de s’entraider, de partager la charge, de mettre en commun l’énergie pour changer par exemple, est intéressante.
C’est particulièrement utile en santé mentale, s’agissant des hommes. On sait combien il peut être difficile pour certains d’exprimer un mal être, il y a un vrai souci avec un modèle social du masculin qu’on peut appeler "stoïcien", dans la restriction émotionnelle. L’écoute entre pairs peut alors être vraiment précieuse.
Une récente campagne a eu un grand impact en Grande-Bretagne : des sous-bocks, ces petits cartons qu’on met sous les verres dans les pubs ou les bars, sur lesquels était écrit "Est-ce qu’un de vos potes manque autour de la table ? Appelez-le !", et au dos un message expliquant que le changement de comportement d’un ami peut être lié à un problème de santé mentale, et ces conseils : "Contactez-le / Restez vous-mêmes / Faites quelque chose que vous aimez ensemble".
Ces supports avaient été distribués par l’association "Time to change", mais c’est sur les réseaux sociaux, partagé par des clients des pubs qu’elle a eu le plus d‘impact, en libérant des échanges sur le sujet.
L’entourage, les pairs... la clé de la prévention
Une association anglaise, the Samaritans (les samaritains), a créé une campagne à partir d’affiches faites par des hommes qui avaient surmonté un moment de crise, des idées suicidaires... en leur demandant quelles paroles de réconfort ils pourraient offrir à d’autres. Les messages étaient les suivants :
"Tu n’as pas à y faire face seul", "Parler de tes sentiments peut te sauver la vie", "Parfois c’est ok de ne pas se sentir bien". Il s’agit à la fois de proposer un modèle masculin positif avec des hommes qui ont su traverser un moment de crise, et, de donner de l’espoir à ceux qui en traversent un, ou dont un proche est en difficulté.
Ça n’est finalement pas si difficile, parce que c’est plutôt valorisant comme rôle. En Nouvelle-Zélande, une étude récente a mis en évidence l’intérêt du soutien entre pairs pour les ouvriers du bâtiment. On parle d’intervention "épaule contre épaule". L’objectif est de faire baisser le nombre de suicides, mais aussi les accidents liés à l’alcool ou aux stupéfiants. La recommandation est que ce soit intégré à la formation obligatoire à la sécurité sur les chantiers et que ce type de solidarité soit considéré comme un élément du travail à part entière.
Les hommes font-ils preuve de solidarité ?
Globalement les hommes font preuve de solidarité, le monde associatif fait tout pour soutenir ça et pour en donner l'envie. La Fondation Movember par exemple, communique très bien. Fondée en Nouvelle Zélande, cette fondation est présente dans le monde entier, son objet est la santé des hommes, avec des actions spécifiques qui visent la prévention du cancer de la prostate ou des testicules au départ. Très rapidement, ils ont élargi à la prévention du suicide bien sûr. Le nom est la contraction de moustache et de november, le mois de novembre. L’idée était d’inciter les hommes à se laisser pousser la moustache au mois de novembre, pour promouvoir la prise de conscience collective, susciter le débat à partir de ce signe de ralliement bien visible.
La moustache a bien pris au niveau mondial, et ça a permis à cette fondation, de collecter pas mal de fonds, puis de soutenir des actions de prévention un peu partout.
Ils organisent aussi un événement annuel, le "Distinguished Gentlemen’s Ride", ou "promenade des gentlemen distingués". Un samedi de septembre, tout autour du monde, des rassemblements de vieilles motos, c’est aussi ouvert aux voitures, dont les conducteurs sont encouragés à bien s’habiller, en parfaits gentlemen, pour rouler ensemble, promouvoir la santé des hommes, et bien sûr collecter des fonds pour renforcer encore cette prévention.
Sans que ça soit révolutionnaire, on voit donc que les manières d’aborder la santé des hommes sont en évolution, que la communication évolue aussi, et c’est vraiment porteur d’espoir.